Pas étonnant de découvrir que derrière ce nouveau projet se cachent Vindsval & W.D Feld de Blut Aus Nord. Soit des musiciens, expérimentateurs, bidouilleurs de sons de premier ordre. Qui prennent le black metal non pour un but, mais pour un point de départ artistique.
Sur cet album de Yeruselem, nous partons pour un voyage anxiogène et cotonneux, à la limite des deux mondes jusqu’à présent bien séparés d’un Justin Broadrick (Godflesh d’un côté, Jesu de l’autre).
Si le groupe est affilié au black metal, sa musique s’en éloigne fortement, pour se rapprocher plus d’un indus étouffant. La voix est volontairement sous-mixée, fantomatique, errant dans des brumes sonores qu’un Killing Joke n’aurait pas reniées.
La violence sourde d’un Autoimmunity cohabite avec l’ambient et cinématographique Sound over matter, bande son d’un film d’épouvante où la seule ambiance suffirait à inquiéter l’auditeur/spectateur.
The Sublime porte si bien son nom, en se remémorant aussi cette phrase de Kant « l’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». Voilà qui n’a que rarement été aussi vrai sur disque, tant on ne ressort pas indemne de ce voyage dans les limbes que nous propose Yeruselem. Une nouvelle fois, le duo prouve que la musique dite extrême se rapproche de plus en plus de la musique contemporaine. Et qu’il n’appartient qu’aux tenants de cette dernière de briser cette ultime frontière pour une cohabitation qui donnerait encore plus de poids à ces mouvements pour l’instant seulement parallèles.
A noter aussi la (the) sublime photo de la pochette : une forme humaine se prosternant devant un cheval géant cabré, le tout en noir et blanc.