Bientôt 40 ans de carrière pour Stephan Eicher (en comptant les années post punk avec Noise Boys.
Bientôt 40 ans d’expérimentations, de voyages (Carcassonne, Engelberg, Eldorado).
Bientôt 40 ans de succès.
Bientôt 40 ans sans la moindre faute de goût.
Alors quand débarque Homeless Songs, on s’attend à être une nouvelle fois surpris. Et dès le premier titre, Si tu veux (que je chante), l’auditeur est happé par la magie Eicher. Et par la magie des mots de Philippe Djian (pour les textes en français) et Martin Suter (pour les textes en bernois).
Ce pourrait être « seulement » un nouveau très bel album de Stephan Eicher. Mais Homeless Songs, c’est plus que ça. C’est une nouvelle expérience. Pas dans la musique en soi (bien qu’elle soit étonnamment minimale, principalement un piano que quelques cordes viennent accompagner de ci, de là), mais dans le parti pris : faire les chansons qu’il veut, sans se soucier du résultat, de la longueur « radio friendly ». Le résultat est magique. Il y a les moments de grâce (Prisonnière, Je n’attendrai pas, Monsieur – Je ne sais pas trop), les moments de frustration (Broken, mélodie extraordinaire, minimalisme des paroles « everything is broken », mais seulement 43 secondes !) les moments oniriques pour qui ne comprend que la mélodie du bernois (Gang nid eso, Still), les moments de partage (La fête est finie, sur laquelle Stephan Eicher invite Christophe Miossec et Axelle Red pour un moment hors du temps, hors des modes mais droit dans le coeur).
Et au milieu de tout ça, il y a Né un ver. Comment qualifier cette chanson ? Une joyeuse pochade ? Un truc, un simple truc ? Ca ressemble à un gospel qui se voudrait comptine pour enfants en mal de gros mots. C’est étonnant, c’est (mél)odieusement parfait -comme toujours chez Stephan Eicher – et ça vous laisse (co)con quand, interrogatif, vous décidez de mettre Replay pour être sûr de ce que vous avez entendu.
Stephan Eicher signe avec Homeless Songs l’un des plus grands disques de sa riche carrière.
Bientôt 40 ans sans la moindre faute de goût.