Zonal est le dernier projet en date de Justin K. Broadrick, bien connu des amateurs de musique douce et enjouée. Leader de Godflesh, son projet le plus connu, le Britannique est avant tout un aventurier, un explorateur des sons et des textures. Un explorateur de nos tréfonds de l’âme mis en musique.
Tout ici est sombre, comme plongé dans les limbes d’un studio d’enregistrement incendié, dans lequel on ne retrouverait que quelques pistes endommagées d’un disque vaguement hip hop (Catalyst).
Il y a même quelque chose de pervers à apprécier la musique de Zonal. Car oui, il y a ici une réelle forme de beauté ténébreuse, crépusculaire. Une beauté parallèle. Mais une vraie beauté, envoûtante à souhait pour qui accepte de vendre d’une certaine façon son âme au diable Broadrick.
Les fans du compositeur y retrouveront aussi ce qui a fait le charme plus doux de Jesu, ou celui plus électronique et primal encore de JK Flesh, ou de Techno Animal. La production fait admirablement ressortir chaque couche de son. On sent le calcul dans le moindre choix de note, d’accord. Zonal signifie « relatif à une zone ». Or ici, la zone on la connaît sans la déterminer géographiquement : elle est aux confins de l’indus, du hip hop, du trip hop et de l’expérimentation la plus géniale.
Wrecked fait définitivement partie de ces albums à écouter, pas simplement à entendre en fond sonore. L’explorateur Broadrick nous emmène dans son voyage. A nous, à nos risques et périls de l’y accompagner.