Our pathetic age n’est que le sixième album studio de DJ Shadow, depuis un peu plus de 20 ans. Mais le bonhomme a tant collaboré de ci de là qu’on a l’impression d’une oeuvre en son nom encore plus grande.
Cet album est double ! Et DJ Shadow a entrepris de le scinder très justement en deux parties. La première est la plus expérimentale, mêlant de morceau en morceau, voire parfois dans un unique titre, le drone, l’indus, l’ambient, le drum’n’bass, mais toujours sous le prisme principal de DJ Shadow qui reste bel et bien le hip hop.
Ce premier disque est instrumental. Et à la manière d’un Jean-Michel Jarre, DJ Shadow y compose non pas à partir de notes, mais à partir de sons. Pour aboutir à des collages pop irrésistibles, le plus souvent angoissants comme la BO imaginaire d’un éventuel troisième Blade Runner (Intersecitonality, Juggernaut) ou totalement débridés (le jazz électronique spatial de Beauty, Power, Motion, Life, Work, Chaos, Law ou le groove froid de If I Die today).
Le deuxième album est plus convenu dans son ensemble, mais a le très bon goût de rappeler cette période si lointaine (25 ans déjà) où Senser, The Prodigy et autres The KLF balançaient des bombes életronico-punk-funk terribles (Drone Warfare), où le trip hop languissant hantait les boites de nuit au moment des slows (Rain on snow). Et puis, encore et toujours cette appétence hip hop ultra présente (C.O.N.F.O.R.M.).
Our pathetic age est un double album d’une richesse quasi-infinie. L’un de ces disques rares où chaque nouvelle écoute permettra à l’auditeur de découvrir un nouveau son, une nouvelle note, un nouveau silence.