Bo Ningen est enfin de retour, six ans tout de même après l’excellent III. Sur Sudden Fictions, la violence purement noise est un peu laissée de côté, mais l’ambition expérimentale est là. Dès l’ouverture, un You make a mark like a calf branding, on comprend qu’on a à faire à du sérieux : ce morceau mélange le meilleur de ce qu’on pu proposer Nine Inch Nails et les Smashing Pumpkins, passés à la moulinette Sonic Youth. Résumer plus serait un crime.
Bo Ningen continue sur sa lancée, avec une approche plus synthétique, plus électronique, désormais, mais pour mieux créer des ambiances interlopes. Chantant en anglais ou en japonais, le groupe parvient à ne jamais lasser, mais au contraire à installer des ambiances, créer des décors musicaux où seules les pointes des genres empruntés affleurent (le free jazz sur Silenced, l’indus et le hip hop sur Zankoku…).
Première collaboration orient-occident pour le groupe, ce morceau électro-dark-dance qui risque de faire mal sur les pistes quand les boites de nuit rouvriront : Minimal, en compagnie de Mr. Bobby Gillespie himself, leader de Primal Scream. Bon, en même temps, tout amateur de bon whisky saura qu’Ecosse et Japon ont une culture parfois bien plus proche qu’on ne le croit (on me souffle aussi le katana de Connor Mc Leod, mais là, c’est non, non, non, hors sujet, non mais !).
On ne regrette pas un instant les six ans d’attente pour ce nouveau disque, tant Sudden Fictions est d’une richesse chromatique intense.
