Un album des Deftones en 2020, soit 25 ans après leurs débuts dans un mouvement quasi mort depuis, le nu metal, est-ce que ça a encore un sens ? A priori non, et la chanson d’ouverture (Genesis) le confirme. Mais ce serait mal connaître le groupe californien qui avait contribué à la naissance du nu metal comme pour mieux tenter de s’en échapper assez vite, dès son troisième album, le sublime White Pony. Pour autant, on sent par moments que Deftones n’a jamais su totalement couper les liens avec le nu metal.
Pour autant, qui connaît un peu le groupe sait son appétence forte pour la new wave, dont il a rapidement adapté certains codes. Et c’est là qu’il fait aujourd’hui encore ses meilleurs choix musicaux. Le plomb est fondu par la section rythmique quand la guitare dessine des courbes de toutes épaisseurs, magique mélange sur lequel se pose la voix du chanteur, Chino Moreno, qui n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle convoque une forme de spleen post moderne, en planant sur les accords musicaux de ses camarades (Ceremony). Par moments, on sent même Deftones proches des Norvégiens Ulver (Urantia) ou dans le groove martial qui fit le succès de Filter (Error).
Un album des Deftones en 2020, est-ce que ça a encore un sens ? Oui, oui, oui, trois fois, dix fois, mille fois oui, tant on sent l’influence qu’a eue le groupe sur toute une partie de la scène metal, hardcore (Code Orange, qui ne renierait pas une chanson comme The Spell of Mathematics), et même synth wave depuis 25 ans. Sans totalement se réinventer, Deftones a réussi à anticiper, accompagner et suivre un mouvement musical en y conservant toujours son identité propre.