Commencer un album par l’un des sommets du rock, Voodoo Child, faut oser. S’attaquer au mythe Hendrix, tout apprenti guitariste l’a tenté, le plus grand nombre a échoué. Mais pas Tom Morello qui apporte à la fois un modernisme extrême à l’oeuvre de Jimi tout en la respectant comme un Graal. Mine de rien, c’est en se confrontant ainsi à la légende que Tom Morello montre une nouvelle fois à quel point il est l’un des manieurs de manche les plus doués de l’histoire.
Autre légende à laquelle Tom Morello veut rendre hommage, c’est évidemment Eddie Van Halen, récemment disparu à travers Secretariat, une pièce d’un peu plus d’une minute, urgente et brute de décoffrage, où l’on n’entend que la guitare et les cris du public. Sobre, technique et beau, à l’image du répertoire solo de Morello, qu’il aborde le rock, voire le metal ou la folk (les albums de The Nightwatchman sont toujours à portée d’écoute, chez Myskeuds, tant ils sont beaux !).
Loin de l’expérimental The Atlas Underground, Commandante est un exercice (sous forme d’EP, 6 titres) bien plus habituel, plus classique. Où l’on sent le lion qui veut en découdre, balancer du son en maniant sa technique hors du commun, mais dans l’unique et avoué but d’y trouver la substantifique moelle du rock : le feeling, le plaisir.
Tom Morello est aussi chanteur et le rappelle dès Interstate 80 en mode Guns Against The Machine, puisqu’il y invite Slash pour une épique et amicale battle, rappelant à la fois le hard fin 80s et le proto nu-metal auquel Rage Against The Machine fut associé.
Un jour viendra certainement, et le plus tard possible, où l’on rendra hommage à Tom Morello. Car peu de musiciens ont eu autant d’impact sur leurs contemporains. Ce garçon est à ranger à côté des génies que furent ou sont encore Miles Davis ou Robert Fripp. Qui sont allés au-delà d’un genre de prédilection pour épouser le plus parfaitement l’absolu musical.