Il y a quelque chose de rassurant à écouter un nouvel album de Eels en ces temps troublés. Quelque chose qui tient à la confiance, au bien-être, au cocon que procure l’écoute de Earth to Dora, l’impression si agréable de retrouver un ami qu’on n’avait pas vu depuis trop longtemps (deux ans en fait, depuis The Deconstruction).
La voix écorchée et rauque de Mark Everett occupe évidemment une nouvelle fois l’espace comme peu d’artistes y parviennent, accompagnée par des effets, des arrangements, des mélodies qui tiennent une nouvelle fois de l’onirisme faussement cotonneux. On sait ce qui nous attend, du moins dans les grandes lignes, mais il y a toujours ce moment, ce son, cette intervention vocale qui nous feront sursauter pour mieux nous ravir.
Rarement Eels n’aura sonné aussi beatlesien, tendance McCartney, mais pour mieux déconstruire l’oeuvre du père Paul, pour mieux lui donner une résonance nouvelle, l’acoquinant avec le je-m’en-foutisme poétique d’un Tom Waits, certainement l’autre grande force tutélaire d’Earth to Dora (Are we alright again).
Faussement naïf, les textes étant un poil plus sombre que les mélodies, et surtout les « tutututu, papapapa » over pop, Earth to Dora se présente surtout comme l’un des albums les plus immédiatement abordables, les plus intimes de Eels. Contenant tout de même son lot de chansons faussement pastiches (Are you fucking your ex, que l’on imaginerait facilement interprété par Jim Morrison, I got hurt aux accents californian pop 70s).
Il y a quelque chose de rassurant à écouter ce nouvel album de Eels. Qui lui a quelque chose de beau. De très beau.