Attention, prosternation. Mr. Bungle n’est pas un groupe comme les autres. Ce quatrième album (le premier depuis California, en 1999. Et l’espoir de ce quatrième album était régulièrement ressuscité puis refroidi depuis.
Mr. Bungle, c’est surtout le groupe qui aura fait connaître Mike Patton, au moment où celui-ci intégrait Faith No More, et trois albums fondamentaux des 90s, définissant la folie de l’époque, entre free jazz, metal extrême, pop, punk, hip hop et finalement tout ingrédient musical passant à proximité.
En 2020, Mike Patton est toujours au centre du groupe, modulant sa voix avec son génie habituel. Aux deux autres membres d’origine se sont rajoutés deux nouveaux aux CV impressionnants : Scott Ian (Anthrax, l’un des 4 cavaliers de l’apocalypse metal avec Metallica, Slayer et Megadeth) et Dave Lombardo (Slayer, Suicidal Tendencies, Dead Cross déjà avec Patton, tout comme Fantômas).
Bref, on a là un disque où folie et génie se confondent, un disque dans lequel bruitisme et dadaïsme font bon ménage, un album de pur plaisir pour ses géniteurs, qui n’auront d’autre prétention que de se faire plaisir, se fichant bien du ressenti des auditeurs.
Alors, ça donne l’air de partir dans tous les sens (Racing your mind) pour une reprise oldies garage de la… Cucaracha en plein milieu d’un morceau hardcore (Hypocrites, Habla espanol o muerte). Mr. Bungle a fixé sa limite : il n’y en a aucune. Les styles les plus violents sont abordés (Bungle grind) tout comme le revival fusion 90s (eracist), comme un exercice de style.
A l’image du travail du duo Lombardo/Patton sur Dead Cross, Mr. Bungle réussit une sorte de pari fou : donner une image arty et quasi intello aux musiques extrêmes. C’est culotté, c’est malin, c’est fou, et c’est surtout un pari réussi à 1000%. Dans une époque de folie, écoutons une musique folle !
