En France, Robert Francis a tout du one-hit-wonder (Junebug, en 2010). Pourtant le chanteur californien a une carrière tout à fait honorable dans son pays, et se permet le luxe de publier deux albums cette année, dont ce très beau Amaretto.
Comme ses maîtres (Springsteen, Young, Steve Earle), Robert Francis évolue dans un paysage musical où rock, folk et country se mêlent. Americana diront certains. Pas si sûr, tant sa musique a quelque chose qui le rapproche du Classic rock.
Sur Amaretto, Robert Francis se permet d’inviter l’un de ses héros, celui qui lui a donné, plus jeune, le goût de la musique : l’immense Ry Cooder (sur quatre titres : How long, Snakes in the grass, Country bar et Other side of heaven). Autre invités de marque, Marty Stuart et Terry Evans, conviés à partager le micro sur deux chansons chacun. Ils participent pleinement à donner à Amaretto ce parfum connu dès Before Nighfall, celui d’une fin de journée dans la banlieue de LA, là où la mégalopole partage la terre avec les prémices du désert des Mojaves. Ce monde où le temps passe plus lentement qu’au centre de Los Angeles. Là où les pick up et les petits bars à musique remplacent les voitures de sports et les lieux hype.
Ecouter Amaretto, c’est se balader en décapotable – à la cool – sur ces routes des grandes villes qui ont oublié leur identité, au gré des métissages divers. C’est se perdre à l’envi dans une Amérique de l’âge d’or hollywoodien, entre passé et présent (First time). Il faut dire que la musique de Robert Francis a ce « quelque chose de plus » d’intemporel. Matière si rare en musique.