Art Noir, projet du compositeur de films allemand Jan Weber, où comment nos voisins imaginent une nouvelle fois que le gothic doit emprunter au français pour les noms de groupes (comme par exemple Raison d’Etre). Au pays de Rimbaud et plus encore Beaudelaire, évidemment c’est flatteur. Ici, le nom est cependant tiré d’un magazine musical, auquel collabore l’auteur de ce très beau disque.
Mais il faut alors que la musique soit à la hauteur, question de fierté nationale, tout de même ! Et sur cet album d’Art Noir, le contrat est plus que rempli. La voix de femme/enfant de Nadine Selzer fait des merveilles, quand la musique instrumentale cotonneuse et légèrement froide ne nous embarque pas dans des limbes musicaux (Shadows of the past). Alors oui, les trois premières écoutes de l’album ont eu lieu lors d’une balade au milieu de la neige. Et certainement cet environnement a-t-il eu un effet particulier sur le ressenti général de l’album, qui apportait une enveloppe douce et renforçait le sentiment d’apaisement de ce manteau neigeux.
Tout ici est une invitation à se recentrer sur l’essentiel, à ressentir son environnement proche, à prendre quelques minutes de recul, de repos, de hauteur. Il y a une fragilité qui affleure à chaque note, chaque prise vocale, chaque arrangement, fragilité qui rend l’ensemble encore plus urgent et essentiel.
Si l’esthétique gothic/ambient est évidente, résumer Poems of an exctinct species à cela ne serait cependant que très réducteur. Car au contraire de la grande majorité de la production du genre, Art Noir propose de suivre une piste très lumineuse.
Bien-être, c’est finalement le mot ou l’expression qui résume le mieux ce disque brillant.