Il y a quelque chose d’affligeant à ériger aujourd’hui seulement Little Bob en rock star française ultime, à l’occasion de la publication de We need hope. Quelque chose de honteux, même. Mais c’est la dure loi du showbizz.
Et il y a aussi quelque chose qui tient du mea culpa chez Myskeuds, pour ne pas avoir parlé plus tôt de son oeuvre, pourtant bousculés que nous fûmes par quelques titres épars proposés par des amis fans de Monsieur Piazza.
Pourquoi, donc, quelque chose d’affligeant à le mettre en lumière seulement aujourd’hui en 2021? Parce qu’à l’instar de Dick Rivers, Little Bob n’aura pas eu la carte « Drucker » ou autre pour paraître à la télé. Parce que comme Hubert-Félix Thiéfaine, il aura su construire sa carrière directement en lien avec le public, loin de quelques médias qui ont cru faire l’actualité culturelle, ne pissant finalement que du people consensuel. Et puis il faut bien le dire, là c’est la « grande faute » de Little Bob : il chante en angliche. Trop difficile à comprendre, ma bonne dame. Au moins Johnny, il chantait le belouze. Bien d’ailleurs. Mais c’est français le belouze. Alors que le blues (Ready to fly) de Little Bob, ben c’est pas français ! Et puis Little Bob, c’est en plus un pseudo qui sonne pas français, ma bonne dame. Alors que Eddy Mitchell, hein…
Bon, faut le dire, il a mis de l’eau dans son vin, il a repris Gims ! Enfin, plutôt… comme Gims, il a repris Bella Ciao, cette chanson révolutionnaire italienne. Alors, vous comprenez, c’est plus facile à vendre, hein.
Mais parlons musique. We need hope, c’est un nouveau concentré de rock boogie (I was a kid), un nouvel hommage rendu par l’un de ses disciples les plus habités aux dieux du rock. Qu’ils s’appellent Chuck Berry, Buddy Holly, Johnny Cash (Long Legs, interprétée par l’homme en noir, on n’ose même pas l’imaginer dans nos rêves les plus fous) ou même les Dead Kennedys (que ce soit ce country punk ou la thématique de ce Looking for Guy Georges).
Et l’on évoquait plus haut Bella Ciao. L’orgue bien chaleureux, les changements de rythme, l’ambiance : tout ici évoque un western crépusculaire, Clint Eastwood en tête d’affiche mais avec Harvey Keitel face à lui, et le duel final concocté par Quentin Tarantino, avec du sang qui gicle sur tout l’écran.
Parce que finalement, c’est ça, la musique de Little Bob : le rock dans ce qu’il a de plus sacré, de plus religieux, de plus pur. Et de plus beau.