Il y a deux types de disques : ceux rassemblant une collection de chansons, comme autant de photographies sonores, d’instantanés. Et ceux créant une sorte de livre, d’histoire, d’ambiance. Dog Years s’inscrit immédiatement dans cette deuxième catégorie, dès son introductive The Stiltwalker en parlé/chanté, sur fond de collages de dialogues TV ou autres.
Surtout, on pourrait ici parler d’un album de variété, au sens le plus noble du terme. Si l’on associe The Night Game à du rock, c’est pour nous un simple choix de simplification. Tant la richesse de ce disque se révèle un peu plus à chaque écoute. Le parti pris de The Night Game semble surtout être le revival 90s. Comme si Dog Years était un disque perdu ou interdit à l’époque car trop dangereux, comme un secret maudit. Ce secret on va vous le révéler, à la sauce complotante : Dog Years est l’album qui concentre tout le son des 90s en 11 chansons qui, tels des apôtres se sont séparées pour propager chacune un message différent).
Pourquoi ? Hé bien parce qu’au tournant des 90s, les musiques se sont divisées en genres et sous-genres, un peu comme lorsque la Pangée est devenue continents. Ici, le propos tient autant au pop rock de l’époque qu’à l’émergence du r’n’b surproduit avec ses scories de studio (I Felt like dancing) qu’à la fin de la première grosse période synthétique (Our generation) ou le rock qui commençait à forniquer avec la techno (Companion, en duo avec Elle King, certainement le hit absolu du disque rappelle furieusement le Primal Scream de Screamadelica dans son approche) ou de la pop racée d’un Bryan Ferry (il y a du Slave to love dans One phone cell).
Rock dans l’approche, pop dans le son, Dog Years est un disque qui parle aux « vieux » que nous sommes devenus, tant les sonorités choisies sont évocatrices. Mais nulle doute qu’une plus jeune génération saura y trouver son compte, et bien plus, tant ce disque réussit à être totalement ancré dans son temps en reprenant ce qui a très bien fonctionné il y a … longtemps. Si. si. Osons nous l’avouer.