Un clavier chaud comme à la meilleure époque de Deep Purple débute ce cheminement si particulier de Heavy Sun, nouvel album du producteur Daniel Lanois. Loin de sa Jolie Louise chantée en acadien, plus loin encore de sa récente collaboration expérimentale avec le DJ Venetian Snares, Daniel Lanois s’est entouré d’un groupe gospel pour proposer une musique lumineuse, profonde.
Mais quand on est Daniel Lanois, on ne peut s’empêcher de placer ci et là l’un ou l’autre son pour encore enrichir l’espace, et ce dès le titre introductif (Dance on). Les titres défilent, plus beaux les uns que les autres, nous emmenant dans un ailleurs où l’électro très légère et la soul magnifient les voix du choeur de la Zion Baptist Church, en Louisiane.
Si le gospel est évidemment le genre le plus présent sur cet album, résumer Heavy Sun à un album de gospel serait une erreur. Car en bon chaman des consoles, et avec une oreille toujours aussi aventureuse, Daniel Lanois nous embarque dans un territoire musical nouveau, fait de pop, de chants à l’accent africain (Every nation), de psychédélisme jazz (Tree of Tule et son emprunt délicat aux Gymnopédies de Satie), et bien ailleurs encore.
Certains albums sont sympas. D’autres sont beaux. En 2021, Heavy Sun s’annonce bien autrement, comme un album indispensable.
