Il y a des disques qui débarquent, comme ça, sans que l’on ne sache trop de quoi il s’agit. Sans trop non plus en attendre quoi que ce soit d’autre qu’un moment sympa. Et puis, dès les premières mesures de la première chanson (ici, Northbound stowaway), tu te dis qu’il va y avoir quelque chose en plus. Une âme, une communion, qui vont rapidement rendre ce disque indispensable. Adrian Crowley, déjà, rien que le nom évoque au fan de rock quelque souvenir osbournien, voire zeppelinesque (Jimmy Page avait acheté le manoir écossais du mage maléfique Aleister Crowley). Et puis la musique, entre cordes, choriste féminine en écho, diction et voix profonde et basse, nous emmène directement quelque part, dans un endroit que seuls les fans de Leonard Cohen et Nick Cave connaissent, Eels aussi (A shunt in’s lament). Un monde musical parallèle, où la musique est contemplative. Où la musique est humeur. Où la musique, même mélancolique à souhait, tend vers un absolu du beau. De ballades sombres à de la ballade rock 60s (I see you among strangers).
Rares sont les albums qui, comme The Wratchful eye of the stars, emportent de façon aussi immédiate l’auditeur. Les dix chansons ici présentes ne s’écoutent d’ailleurs que mieux lorsqu’on est seul. De vraies chansons de pluie, à écouter chez soi, en regardant par la fenêtre ce spectacle si particulier d’une averse, ces gouttes qui tombent comme autant d’aiguilles, le ciel sombre avec la promesse d’un retour du soleil.