Steve Von Till publie avec A deep voiceless wilderness son 5e album solo. Il faut dire que notre homme est généralement plus occupé avec Neurosis ou Tribes of Neurot dont il est guitariste et co-chanteur, avec Scott Kelly.
Et quand Steve Von Till quitte les tréfonds musicaux de ses deux groupes habituels, il n’en perd pas moins l’ambition d’une musique différente. Son travail sur A deep voiceless wilderness, à coup de sonorités étranges, aussi apaisantes qu’effrayantes, l’usage des cordes notamment, nous propose une expérience. Car ici, nous naviguons dans une oeuvre instrumentale où la musique folk côtoie le post-rock (voire le post metal ?), le prog, le minimalisme et même l’électronique. Une oeuvre triste, mélancolique, mais si douce-amère, si belle. Il en résulte même un effet sur notre corps, qui s’alourdit, s’alanguit, ne peut plus bouger, comme hypnotisé par ce son qui nous enveloppe, nous nimbe, dans un univers où nous ne maîtrisons plus loin.
Il y a quelque chose ici qui tient plus de la poésie de la nature, des grands espaces (qu’ils soient désertiques, forestiers, marins) que de la musique. Steve Von Till ne joue pas sa musique. Non, il la peint, impressionniste des sons.
A deep voiceless wilderness est une expérience. Belle. Douce. Vénéneuse, aussi. Et forme un ensemble extraordinairement riche et cohérent avec No Wilderness deep enough, publié l’an dernier.
