Depuis son premier album, il y a dix ans, Deafheaven s’est inscrit parmi les groupes alternatif ayant eu le plus de succès aux USA. En mélangeant rock, pop, shoegaze et black metal, le duo (qui s’est enrichi depuis quelques années de nouveaux musiciens) aurait même créé son style, le blackgaze.
Mais sur Infinite Granite, force est de constater que Deafheaven a décidé de privilégier la douceur, abandonnant à la fois le chant growlé et les grosses guitares shoegaze. Le tout au profit d’un chant « chanté » et d’une musique cotonneuse, inspirée toujours, elle, du shoegaze. Un peu comme si Deafheaven voulait revisiter à sa façon les musiques qui ont façonné l’identité de ses membres fondateurs. Ici, les titres pop sont légion (Shellstar, In Blur).
S’il est certain que les fans du Deafheaven perclus de gros son risquent de tiquer, le groupe se réinvente complètement, abordant une autre facette de son talent. Et le résultat est brillant, quelque part entre ce qu’ont proposé les groupes de la fin des 90s, que ce soit la fusion d’un Incubus (Villain) ou les groupes de brit pop. Deafheaven se permet même de mettre Muse à l’amende (le très bon The Gnashing).
Infinite Granite est un album qui va créer une polémique sur l’évolution musicale de Deafheaven parmi ses fans, mais une chose est certaine : malgré le changement drastique d’horizon musical, on ne sent pas la moindre once de concession du groupe à son indépendance. Et ça c’est beau. Très beau.