On écoute des disques. Des bons, des très bons et des moins bons. Et on écoute Tori Amos. Ce n’est pas tout à fait la même chose, même si on écoute ses disques. Parce que Tori Amos, c’est une expérience à nulle autre pareil. Une sorte de bulle qui se forme, surtout quand on l’écoute au casque. Une bulle de mélancolie, de bonheur, de douceur, de violence aussi parfois, mais sourde. Une bulle de bien-être, fragile comme l’est par définition la bulle. Mais belle, lumineuse, quasi parfaite dans sa forme.
Ocean to ocean est déjà le 16e album que propose la chanteuse américaine, désormais installée en Cornouailles, certainement lieu et personnage central de l’album. Apaisée, Tori Amos y propose une musique et des paroles moins engagées, voire moins violentes que ce qu’elle a pu faire par le passé, pour se concentrer sur des chansons plus contemplatives, inspirées tant par les paysages sauvages et les mythes de cette région (où serait né un certain Arthur, devenu roi, il y a quelques centaines d’années). Pour autant, la combattante Amos n’est jamais loin, la chanteuse ayant admis avoir écrit une partie de l’album en réaction à l’invasion du Capitole de Washington en janvier 2021.
Beauté, fragilité, violence, poésie. Comme la musique de Tori Amos. Comme les mers et les océans, aussi.