Tenter de chroniquer Opex en s’affranchissant de la charge émotionnelle : un pari, raté. Raté, tant tout dans ce disque infuse l’énergie finale du poète belge. Raté tant ce disque est, lui, réussi. De bout en bout. Jusqu’à cette touche finale, ce I’m not gonna whistle, clin d’oeil léger au final de Holy Grail des Monty Pythons et leur Always look on the bright side of life.
Arno, comme à son habitude, mélange l’anglais et le français à l’accent si flamand. Et mélange aussi le propos grave et l’humour léger. Les titres s’enchaînent entre volutes velvetiens (La vérité, sublime, Boulettes), et blues rock acérés et abrupts (I can’t dance, où l’on souffre devant cette voix si épuisée).
On lâche aussi une larme sur le magnifique La Paloma adieu, et ses accents hispanisants. Arno a toujours su mettre la Femme au centre de son travail. Jusqu’au sublime Les Yeux de ma mère. Et la famille est toujours importante pour lui, puisque c’est son grand-père qui a ici les honneurs d’un dernier hommage (Mon Grand-père)
Les dix chansons présentes sur Opex devront une partie de leur succès aux conditions d’enregistrement de l’album. C’en est presque dommage, tant il y a encore d’abord tout le génie de l’artiste et de son équipe de musiciens. Propos poétique, évasions politiques, jeu avec cette faucheuse qui l’attend, tapie dans un coin du studio, « on s’en fout on fait la fête », chante Arno.
Oui, on s’en fout de ce qui arrivera après la fin de l’enregistrement de l’album. On fait la fête. On se remémore les grands moments musicaux du bonhomme. Ses reprises décalées. Son regard en coin, espiègle. Ses emportements bonhommes. Son écriture si particulière, encore terriblement efficace sur Opex. On s’en fout, on fait la fête.
Et on chante Brel, pour rappeler qu’Arno partage avec lui le sommet de la chanson belge : « Adieu l’Arno, je t’aimais bien, on a chanté les mêmes vins, on a chanté les mêmes filles, on a chanté les mêmes chagrin ».
Le site officiel d’Arno
Un peu plus de rock ?