La première écoute révèle un truc, un machin, un bidule a priori totalement inécoutable et sans intérêt. Ce qui, avouons-le, rendrait la chronique courte et inintéressante.
Parce qu’au bout de quelques minutes, on se dit qu’on tient là un truc, un machin, un bidule qui nous pousse assez inexorablement à y revenir. Et, avec surprise, on écoute l’album d’un trait, avec un plaisir assez inouï.
La musique emprunte ici à l’indus ou au drone. Electronique en plein, piochant par moments dans le hip hop (Hollow), Avoidance Corporation use et surtout abuse des voix robotisées… A faire passer Daft Punk pour de vrais chanteurs ! En accompagnant le tout par des synthés abrasifs, des nappes drones qu’un piano vient parfois troubler.
Le trouble, c’est d’ailleurs l’élément central de cet album décidément pas comme les autres. Electronique mais pas dansant. Synthétique mais diablement rock. Froid mais terriblement entraînant. Analogique en 2023 serait sa dernière coquetterie. Voix robotique, mais voix death indus (Life wasted). Etc. Un véritable OVNI en oxymores, pour résumer ce qui pourrait l’être.
La démarche de Avoidance Corporation est surtout très efficace. Car l’album possède autant de charme et de singularité que de cohérence, de bout en bout. Les huit chansons de Sociopathology se gravent immédiatement dans nos têtes. Mais loin d’être des hymnes pop à siffloter, leur souvenir est bien plus pernicieux : on a envie d’écouter autre chose, mais on reste hypnotisé par un pouvoir surprenant.
Une vraie claque. Un album qu’on n’écoutera pas en boucle, c’est un fait. Mais un album vers lequel on ressentira assez rapidement le besoin de revenir. Etrange, étonnant. Pas loin d’être bouleversant.
