Le trio montréalais est de retour. Tous aux abris ! Car Nature Morte élève encore le niveau d’un groupe dont les deux albums de 2021 nous avaient atomisés ! Il y avait eu Vital, leur album, puis une collaboration avec les bruitistes The Body.
Ici, dès l’introductif Carvers, farriers & knaves, on a l’impression d’avoir à faire à Björk martyrisée par Sunn O)). Martyrisée, mais torturée volontaire !
Big Brave s’offre cependant quelques instants de calmes, glissés de ci, de là (dans The one who bornes a very loud). Des instants qui créent encore plus de relief à sa musique. Comme si dans une intemporalité multiverse, le metal le plus lourd, le free jazz et l’improvisation vocale entraient en collision.
Alors oui, il y a quelque chose dans Nature Morte, qui touche au chaos. Mais un chaos mis en scène. Maîtrisé dans un laboratoire secret. Un chaos qui donne naissance au beau. A l’art. Au son. A la musique.
Les morceaux s’étirent sous des boucles drone. D’où le rapprochement avec Sunn O)), d’ailleurs. Mais Big Brave semble vouloir, et pouvoir, briser ce plafond de verre. En proposant une version finalement plus « pop » (les guillemets ont toute leur importance ici) du travail des Américains.
L’écoute de Nature Morte peut être une souffrance. Elle le sera d’ailleurs pour toute oreille non avertie. Mais cette souffrance, on y consent, tant chaque nouvel accord nous apporte une forme d’espoir. L’espoir d’un moment de douceur. Qui semble arriver, pour mieux repartir. Disque à tiroirs, Nature Morte nécessite plusieurs écoutes pour s’apprécier et se découvrir à nous. Jusqu’à cet ultime chanson, The ten of swords, sur laquelle l’équation s’inverse totalement ! Ici, c’est la douceur. Mais une douceur si fragile qu’à chaque accord on attend le retour à la violence. Jusqu’à la fin de la chanson ? Il faudra l’écouter pour savoir.
Le site officiel de Big Brave
La chronique précédente du groupe sur Myskeuds