En désormais un peu plus de 20 ans de carrière, Xiu Xiu aura exploré tout ce qui peut s’explorer comme sons. Non, pas tout. Et le groupe de le prouver sur ce qui est son 16e album. Une discographie qui comporte notamment un album d’adaptations des chansons de Nina Simone. Et un autre album reprenant à la sauce Xiu Xiu les musiques de la série TV Twin Peaks.
Ici, c’est d’ailleurs une ambiance toute lynchienne qui nous attend (666 photos of nothing). Où les silences valent autant que les notes. Où la déconstruction mélodique pèse autant que la construction narrative.
Où la musique se veut bruitiste, industrielle, post-industrielle, pour construire des ambiances patchwork.
S’il y a plus de mille groupes ou artistes que l’on pourra raccrocher à Xiu Xiu, il n’y a en revanche personne à qui raccrocher Xiu Xiu. Tant la musique du groupe emprunte à tout ce que bruit, la science musicale ou l’expérimentation ont connu de plus divers et de meilleur.
La voix triturée d’Angela Seo apporte d’ailleurs énormément aux architectures soniques de Jamie Stewart, le créateur du groupe. Ici, nous sommes clairement plus en présence de performances musicales que de chansons. Comme si la chanson était devenu un produit trop surfait. Une sorte de malbouffe à laquelle Xiu Xiu préférera une cuisine moléculaire. Comme si Xiu Xiu avait inventé et continuait ici à développer le rock moléculaire. Pour autant, les jeux de mots dont sont faits les titres des 10 morceaux de l’album laisse supposer une nouvelle fois une approche faussement intellectuelle du travail (Brothel Creeper, Esquerita Little Richard).
Ignore grief ne peut se comprendre comme un disque beau ou pas beau. Mais comme un disque fascinant.
Le site officiel de Xiu Xiu
Encore un peu de rock expérimental, avec le génie John Cale