« And I miss youuuuuuuu ouhouuuu »… Le post ado metalleux des années 90 a aimé détester cette chanson d’EBTG. Trop entendue partout. Trop pas ce qu’il écoutait. Et puis, il a (beaucoup) vieilli. S’est ouvert à d’autres musiques. A subi l’électro cheap d’un David Guetta ou quelques autres.
Et quand résonnent les premières mesures de Nothing left to lose, lui reviennent les souvenirs de cette époque où il débattait sur le meilleur groupe électro clash : Prodigy ou Senser ? (Pour la réponse : Senser. Toujours). Et il se prend à s’évader sur la voix toujours aussi unique de Tracey Horn. Et à disséquer un peu plus le travail de production de Ben Watt. Pour percer, mieux qu’il ne l’aurait fait à l’époque, la double dimension pop et sombre d’EBTG.
La suite de l’écoute de Fuse le confirme. Le groupe a effectivement été trop longtemps absent. Et son retour permet de remettre les potards au milieu de la table de mixage. La musique électronique est montée très haut à une époque. Très très haut. EBTG d’un côté, Primal Scream (période Screamadelica) de l’autre, ces groupes britanniques avaient compris qu’on pouvait faire du rock avec une énergie de boite de nuit. Ou qu’on pouvait faire danser avec la noirceur du rock.
Et les temps plus calmes, presque jazz, de Fuse, démontrent surtout une qualité de songwriting et de captation de l’émotion au-dessus de la normale. On se prend à imaginer Tracey Horn interpréter Run a red light accompagnée d’une guitare ou, mieux, d’une harpe. On est ici dans la vérité de la musique. Là où les artifices tombes. Là où la beauté des notes et de la voix créent l’Art. Comme ce Lost où l’on sent l’influence jazz présente à son paroxysme. Là où l’électronique crée une couche de cristal autour de la voix.
EBTG mérite donc pour l’auteur de ces quelques lignes un grand Pardon. Pardon d’avoir été « jeune et con », en espérant ne pas être devenu « vieux et fou ». Prochaine étape : réécouter et réévaluer le travail colossal du duo dans sa première période de vie, entre 1984 et 1999.