L’auteur des lignes suivantes a tenté, jeune, de maîtriser un piano. Au final, piano et apprenti se sont martyrisés mutuellement.
Le sujet de ces lignes, Jean-Philippe Rio-Py, dit Riopy, a pour sa part magnifiquement réussi à apprivoiser ce clavier qui peut se rendre magique. C’est le cas une nouvelle fois sur Tree of Light, son troisième album. Dans lequel l’artiste réussit à faire chanter son piano, entre mélancolie automnale (l’écoute en voiture sous la pluie aide à ce type de comparaison, c’est vrai) et voyage intérieur. Le japonisant premier extrait, Ukiyo, nous emmène du côté du Japon éternel, mais dans un voyage dont le guide s’appellerait Erik Satie. Cette légèreté s’entend aussi sur Youami.
La puissance d’interprétation de Riopy vient aussi d’un choix très personnel de l’artiste, celui de ne pas accompagner son interprétation par d’autres instruments. Le piano est là. Seul. Ici et ailleurs. Seul son que l’on entend, que l’on découvre, qui nous touche, nous embarque.
En comparaison avec l’album précédent (Riopy), Tree of light joue plus sur la sensibilité, sur une forme d’impressionnisme musical sensuel et sensitif que sur la technique. Les deux peuvent ainsi s’écouter à la suite sans cette impression de déjà-entendu, mais au contraire comme les deux (premières) face d’un univers qui s’étend petit à petit.