Carrière à gros intervalles que celle d’Eagle Eye Cherry, démarrée il y a un peu plus de 20 ans maintenant, avec l’imparable Save Tonight. Et peut-être aussi la malédiction d’un premier hit wonder, dont il ne s’est jamais vraiment remis. Eagle Eye Cherry apparaît, alors qu’est publié son seulement 5e album, comme un artisan plus qu’une star prête à tous les compromis.
Il livre avec Streets of you un album à la fois optimiste, entraînant et simple. Il fait partie de ces artistes qui préfèrent la simplicité au simplisme, l’émotion aux trop grandes mises en musique.
Les 13 chansons de Streets of you offrent à l’auditeur autant de petites histoires, de moments de vie, à travers des textes qui sont autant de pages d’un journal plus ou moins intime. On se surprend aussi parfois à imaginer certaines chansons (Come what may, While away Drunk and sublime, pour ne citer qu’elles) interprétées avec la voix de Bruce Springsteen pour imaginer instantanément une filiation musicale loin d’être illégitime.
Streets of you est un album fondamentalement bon, dans tous les sens du terme : un bon « produit » et un disque positif, qui donne du sourire, de la joie.
Et l’on se dit que c’est presque là son défaut, qui ne devrait pas en être un, pourtant : nous vivons une époque où une musique comme celle d’Eagle Eye Cherry, sincère au possible, a trop cédé la place à des disques surproduits, bouffis de l’autosuffisance de leurs géniteurs.
Eagle Eye Cherry propose avec Streets of you un album bon. On le répète. Et on le répètera aussi longtemps qu’il le faudra. Parce que c’est devenu rare et que ça fait vraiment du bien, un tel disque !