Il aura fallu attendre 9 ans pour qu’enfin le trio suisse offre un successeur à Everybody knows.
Et comme il fallait s’y attendre, TYG s’en sont encore donné à coeur-joie pour embarquer l’auditeur vers des sonorités auxquelles il ne s’attendait pas.
Depuis le début de sa carrière, à la fin des années 80, le groupe a tout fait ou presque, sauf une chose : de la mauvaise musique !
Jamais leur travail n’a été facile à définir par les mots. Seuls les sens, l’ouïe en premier lieu, peuvent décrire la puissance onirique de cette oeuvre.
Mais sur Data Mirage Tangram, c’est encore un peu plus difficile qu’avant. Avec des morceaux plus longs, entre 6 et 11 minutes, un chant minimaliste, un mélange de free jazz et d’électro, on se croirait perdu dans un espace-temps lointain, aux limites du cosmos. Différentes courbes convergeraient alors vers une sorte de trou noir, et c’est là qu’exploserait tel un big bang la musique de Data Mirage Tangram. Où l’on reconnaît le sens rythmique si particulier du groupe, la voix parfois soufflée de Franz Treischler, mais où le free jazz et son lointain cousin le rock progressif (celui d’un Soft Machine ou plus récemment d’un Radiohead) volerait sous la forme d’astéroïdes, se dépassant souvent, entrant en collision parfois.
Au quasi ambient et cosmique Entre en matière succède un Tear Up the Red Sky pas loin de flirter avec la queue d’une comète autrefois jungle.
Figure sans nom, pour sa part, ressemble le plus (si l’on peut dire) à ce que le public pouvait déjà connaître de TYG : une chanson où la diction parlé/chanté de Franz Treischler se promène sur une rythmique précise comme… une montre suisse (hop, placé le jeu de mots pourri) et des volutes de guitare et de synthé.
Il n’y a que 7 titres, et de prime abord c’est trop peu en 9 ans. Mais avec leur durée inhabituelle pour un disque traditionnel, on comprend le choix qui a été fait par le groupe, d’étendre ses chansons au maximum, d’en explorer chaque possibilité d’évolution, plutôt que de proposer 10 ou 12 titres amputés d’une partie de leur être.
TYG ont encore frappé très fort. Comme à chaque album. Et ça fait plus de 30 ans que ça dure !
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