Si Myskeuds existe, c’est bien pour des groupes comme King Hobo, qui signe avec Mauga un album ambitieux. Etiquetté stoner, ce qui est vrai mais si terriblement incomplet.
Parce qu’il faut bien se l’avouer, avec les millions d’albums nouveaux qui paraissent chaque jour, King Hobo a tout dans l’absolu pour rester inconnu du plus grand nombre, si personne ne vient parler d’eux. Et Mauga resterait un chef d’oeuvre totalement anonyme. Et ce serait plus que dommage. D’autant plus que les membres de ce supergroupe sont loin d’être des anonymes, eux qui sont membres entre autres de Clutch, Kamchatka ou Opeth.
Revenons au plus important : la musique. King Hobo est donc étiqueté stoner. Et les premiers morceaux de l’album le confirment amplement (Hobo ride, Dragon’s tail). C’est ensuite que les références se compliquent… et que la musique se complexifie. King blues dévoile une facette bien plus ambitieuse du groupe, avec un groove rétro (déjà connu chez les Queens Of The Stone Age période Songs for the deaf) qui fait frissonner par sa puissance expressive. Le fantôme d’un Cab Calloway viendrait y swinguer qu’on ne serait même pas étonnés. Cette chanson est le pivot de l’album. Elle permet à King Hobo de se libérer de ce poids stoner pour ensuite voguer comme bon lui semble (la puissance stoner et l’influence Southern rock étant toujours présente). Mauga, chanson qui donne le titre à l’album est un moment de douceur, de toucher guitare façon expressionniste, sublime moment purement instrumental jazz à souhait, que How come we’re blind poursuit avec ses accents neo-prog ! Et si, avec ce morceau, King Hobo ne venait pas d’inventer le prog-stoner ? Il défriche en tout cas de nouvelles possibilités tout en douceur pour le genre.
Le stoner cesse de tourner en rond. Il regarde ici d’où il vient – le blues et le jazz – pour mieux se tourner vers l’avenir. Et c’est magique !