Elbow est l’un des plus beaux joyaux de la musique pop britannique. Oscillant depuis le début de sa carrière entre rock, indie, pop, le groupe de Manchester n’a pas son pareil pour résoudre sur chaque album l’équation délicate entre mélodie immédiatement assimilable et ambition de production.
C’est encore le cas sur Giant of all sizes, sur lequel le chanteur Guy Carvey et ses acolytes débutent par un Dexter & Sinister électro. On se croirait sur l’un des meilleurs albums de Peter Gabriel (fou comme les voix des deux hommes parviennent par moment à être aussi proches !).
Elbow, ce sont des morceaux oniriques, des recherches d’expérience quasi mystique plus que de simples chansons. Ce sont des voyages (White noise, white heat, premier single de l’album), des moments suspendus, de la grâce (Seven Veils, impressionnisme musical, My Trouble), et une relecture très personnelle de ce qui a pu faire la pop musique anglo-saxonne des 60 dernières années.
Réussir à se réinventer à chaque album sans se renier est peut-être l’exercice le plus difficile aujourd’hui dans la pop et le rock (et les autres genres aussi !). Elbow y parvient à chaque fois, avec ce mélange de mélancolie (la voix traînante et légèrement enrouée de son chanteur y est pour beaucoup) et de puissance rock contenue.