On dit parfois aux enfants dont les parents vont divorcer « tu verras bonhomme, c’est chouette, à Noël tu auras deux fois plus de cadeaux »… Force est de constater cette année que c’est le cas pour les « enfants » de Sonic Youth.
Quelques semaines après le triple album expressionniste de Papa Thurston Moore, c’est autour de Maman Kim Gordon de publier le sien. Un No home record à l’image de son interprète : faussement barré, véritablement habité, complètement différent de ce qu’on peut écouter habituellement.
L’introductif Sketch Artist nous plonge dans un univers que n’aurait pas renié John Cale, où la notion de beauté prend toute son essence la plus vénéneuse. Suit Air Bnb, premier single au clip ultra-épuré. Et déroulent ainsi 9 chansons où la structure pop-rock a priori classique sert d’exutoire et de terrain de jeu à Kim Gordon et son équipe pour maltraiter les sons, les mélanger, les distordre, les malaxer. L’impression d’un joyeux foutoir punk apparait parfois (Air BnB), quand ce n’est pas un morceau indus à la Nine Inch Nails (Murdered Out).
On pourrait croire que Kim Gordon n’a pas voulu évoluer depuis les débuts no wave de Sonic Youth, à la grande époque du genre, qui personnifiait la ville de New York. Or, c’est tout le contraire, No home record semble être le témoignage d’une ville qui a bougé depuis, mais tout en conservant cette contre-culture qui y est née il y a déjà quarante ans. Ce mouvement no wave s’est simplement développé, a mûri comme ses acteurs, s’est peut-être aussi parfois embourgeoisé. Mais est avant tout resté ce creuset infini de création sonore et sonique. Eternal youth.