Si Agnes Obel fut ici une sublime découverte avec son premier album, puis une confirmation sur le second, le troisième – Citizen of Glass – fut une déception.
C’est donc un peu circonspect qu’on a glissé le Cd et appuyé sur Play. La peur d’un disque où la beauté fragile de la musique d’Agnes Obel ne soit que le seul argument. Mais que l’émotion n’y soit à nouveau plus.
Des doutes a priori légitimes, mais balayés en deux mesures de la chanson d’ouverture, Camera’s rolling, qui montre une artiste à nouveau en évolution de sa musique. Les morceaux se font moins organiques, puisant dans des ambiances rappelant Dead Can Dance ou Cocteau Twins. Un lointain cousinage avec Lisa Gerrard ou Liz Fraser, mais en aucun cas un rapprochement ou, pire, un plagiat.
Non, Agnes Obel trace avec Myopia sa propre route, en l’agrémentant avec un subtil et parcimonieux dosage de sonorités électroniques, pour amplifier ses douces mélodies. Le choix d’une photo bleutée et légèrement floue pour pochette confirme ce sentiment d’onirisme faussement froid. D’ambiance aquatique aussi (les notes de Broken Sleep arrivant comme des gouttes d’eau s’écrasant avec grâce au sol).
Et puis, il y a la voix de l’artiste, si particulière, toujours dans l’exactitude du sentiment et cette fois avec du jeu (les envolées séquencées d’un Island of Doom), comme si Agnes Obel, à l’image de Björk cette fois, acceptait enfin que sa voix soit un instrument à part entière.
Myopia nous réconcilie avec Agnes Obel, encore que la toute relative déception de Citizen of Glass était loin de nous avoir fâchés avec elle. Très loin même…