Voici un trio qui risque l’arrestation pour association de malfaiteurs. Damu The Fudgemunk a décidé de faire un casse sur la ligne non surveillée entre le jazz et le hip hop. Pour ce faire, le DJ de Washington DC s’est adjoint les services de Raw Poetic, un collègue rappeur qui a décidé de rameuter son oncle, pour une caution « brigand expérimenté »… Et quand l’oncle en question s’appelle Archie Schepp, on tient un sacré bonhomme !
Et le résultat est plus qu’à la hauteur des attentes. Le saxophoniste régale toujours de ses improvisations chirurgicales, pour un disque exigeant, entêtant où jazz et hip hop fusionnent parfaitement. L’album est conçu comme une jam, où l’on appuie sur Rec puis sur Stop, conservant les conversations entre les trois hommes. Cette impression d’intimité, que l’on imagine dans un petit studio logé dans le sous-bassement d’un immeuble, apporte une grande force à ce disque.
Jusqu’à présent, les nombreux essais de musiciens comme Robert Glasper, Madlib, Brandford Marsalis (sur Buckshot Lefonque), Guru (sur ses deux sublimes Jazzmatazz) avaient réussi à montrer la filiation, le lien direct entre le jazz et le hip hop. Mais Ocean Bridges va plus loin en étant une véritable pièce dans laquelle les deux composantes interviennent à bon escient, sans jamais que l’une ne tente de s’imposer à l’autre.
Ocean Bridges permet de passer une étape supérieure dans le mélange jazz/hop et s’affirme comme l’un des très grands albums jazz de 2020 !