Blixa Bargeld nous ferait-il le coup de l’album pop ou crooner ? Pas impossible, mais à la sauce Einstürzende Neubauten bien évidemment ! L’ex Bad Seeds propose sur Alles in allem une sorte de jumeau au dernier album en date de Nick Cave, Ghosteen, et plus encore à son prédécesseur Skeleton Tree. Il y a aussi une forme d’hommage au cabaret berlinois des années 20 dans ce disque qui frôle la perfection. Entre parlé/chanté, chanson à plusieurs voix (Am Landwehrkanal) et pur spoken word, Einstürzende Neubauten tisse à nouveau une toile d’araignée musicale, perdant à son gré l’auditeur dans de doux pièges.
Alles in allem se déguste finalement comme un whisky bien tourbé et bien âgé : doux en bouche, mais parfois râpeux juste ce qu’il faut (Taschen, l’un des climax de l’album). Ou un cocktail à la cuiller, pas au shaker (le très bondien Seven Screws, pas loin de rappeler Goldeneye sur certains arrangements).
Einstürzende Neubauten prouve avec ce nouvel album qu’il reste seul au sommet de sa propre montagne, à la fois si proche et si inatteignable. Alles in allem est un disque exigeant, mais si beau.