Il y aura eu, ici, plusieurs périodes d’amour/haine avec le révérend Manson. D’abord la circonspection, au début de sa carrière. Puis l’acceptation avec Mechanical Animals. La déception ensuite sur Holy Wood, et ce plagiat de Faith No More sur The Fight Song, en plus de quelques concerts bien trop mous par rapport à ce qui était attendu.
Bref, une histoire compliquée entre lui et nous. Alors certes, oui, on jetait toujours un oeil sur ses productions et il faut dire que celles des 2010s attiraient un peu plus l’oreille. C’est vrai. Mais sans plus.
Ca a encore été le cas au moment d’écouter We are Chaos. Sauf que là, le choc a presque été aussi violent qu’avec Mechanical Animals ! Pas tout de suite, Red Black and Blue faisant penser à ce que proposait Stabbing Westward à la fin des 90s. Mais dès le titre éponyme, nous voici gagnés par le sentiment que Marilyn Manson a choisi cette fois une forme de voie de l’intimité. La faussement folk-indus We are Chaos est simplement parmi les plus belles chansons de Brian Warner, rien de moins ! Une pop song bowiesque où la voix de Marilyn Manson apporte ce qu’il suffit de violence et d’âpreté.
Et la suite est du même acabit. Avec une surprise, tout de même, les premières mesures de l’intro de « Don’t chase the dead » faisant penser très fort au… Rendez-Vous part. IV de Jean-Michel Jarre, avant de virer vers du Alice Cooper version indus. Une façon, peut-être, pour Manson, de rendre hommage au fondateur du shock rock à qui il a tant emprunté depuis des années. Mais surtout, on a là un titre assez synth wave, excellent.
Chanson d’amour ensuite, Paint you with my love, qui sent bon les sixties, mais toujours à la moulinette Manson. C’est d’ailleurs le secret de cet album : on a le sentiment que Marilyn Manson se veut plus joueur, toujours aussi provoquant mais avec bien plus de finesse que d’habitude : il va dans des styles a priori éloignés du sien, comme pour mieux se les accaparer. Et ça marche si bien qu’on y retourne dès le disque terminé !