Alors qu’un coffret regroupant son oeuvre sort dans quelques jours, Bob Mould nous propose un nouvel album, Blue hearts, dans lequel le fondateur du mythique Hüsker Dü revient à ses premières amours.
Tout commence pourtant « en douceur », avec l’électro acoustique Heart on my sleeve. Mais dès le deuxième titre, Next generation, c’est un retour en règle vers ce hardcore mélodique précurseur dès les 80s de ce qui allait former le grunge et une partie de la scène indie rock US des 90s.
Autant le dire, c’est une vraie surprise, tant les derniers albums de Bob Mould, notamment Sunshine Rock, publié l’an dernier, n’avaient pas cette hargne, cette violence, lui préférant des aspirations que l’on pourrait qualifier de plus pop. En observateur de son époque, Bob Mould ne pouvait pas rester insensible à ce qui fait de cette année 2020 une période sacrément compliquée, et sur plusieurs plans lorsque l’on est citoyen américain. American crisis aborde dès ses premières lignes la marginalisation de la population gay, dont le chanteur, sans s’en faire le porte-parole, y déclare fièrement son appartenance, ayant été l’un des premiers artistes rock/hardcore/metal à faire son coming out dans les 80s.
« I never thought I’d see this bullshit again
To come of age in the ’80s was bad enough
We were marginalized and demonized
I watched a lot of my generation die »
When you left ou Siberian Butterfly poursuivent également dans cette voix et cette voie énervées, quand Baby needs a cookie renoue avec la pop punk plus midtempo. Jusqu’au très mélancolique final The Ocean, véritable moment de grâce !
Après la furie Hüsker Dü et ses premières expérimentations (Sugar, puis en solo), Bob Mould s’est posé en fin observateur de son pays. En ce sens, il rejoint la rage poétique et salvatrice de Bruce Springsteen. Chacun de ses albums est ainsi un Polaroïd adressé à qui voudra écouter sa musique, sa colère, ses coups de gueule et de coeur, et se souvenir de l’essence même du rock, qu’elle qu’en soit l’expression classic – punk – hardcore ou autre : son universalité d’âme !
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