2020 aura été une année noire, en tous cas anthracite très foncé, pour les performances live. Depuis début mars, pour la France, il n’y a plus rien eu ou presque, si ce ne sont quelques prestations en Visio-conférences. Un palliatif original, que certains artistes ont su utiliser, mais qui de toute évidence n’a pas réussi à remplacer véritablement l’ambiance si particulière d’un concert passé dans la fosse ou en gradins.
Heureusement, le souvenir de concerts plus ou moins récents a ressurgi par la magie des albums live, des DVD, aussi.
Voici une sélection Myskeuds reprenant quelques albums ou DVD live publiés cette année.
1. INXS – Live Baby Live (rock)

OK ! On commence par un live qui date de 1991. Mais qui a eu droit à un traitement 4K pour offrir aux fans du groupe australien (dont nous sommes très clairement, ici !) une qualité de son et d’image revues très à la hausse.
Ce concert du 13 juillet 1991, enregistré et filmé au stade de Wembley, à Londres, est avant tout un document historique. Pourquoi ? Parce qu’il marque le passage des années 80 aux années 90, symbolisant via INXS et son regretté leader Michael Hutchence la décennie de toutes les extravagances qui s’en va et le rock indie qui arrive et qui doit pas mal au groupe australien.
2. David Bowie – Ouvrez le chien (rock)
David Bowie – No trendy réchauffé (rock)

Ces deux albums sont les premiers d’une série de 6 live enregistrés lors de la tournée Outside de 1995-1996. Une tournée mythique durant laquelle David Bowie partagera la scène avec son groupe de première partie, du moins sur la partie US, Nine Inch Nails.
Ces deux albums ne prennent en compte que la prestation de Bowie qui, en pleine période indus/jungle/drum’n’bass (qui culminera sur l’album suivant, Earthling) revisite ses anciens titres pour leur apporter une noirceur gothique inattendue.
On comprend à leur écoute que cette tournée aura été « hors collection » pour David Bowie, très loin des shows 80s précédents ou des tournées plus orientées à nouveau icône jusqu’au début des années 2000.
3. Christian Scott – Axiom (jazz)

Enregistré en mars, publié en août, ce disque a un parfum d’au-revoir, reprenant l’ultime concert du saxophoniste américain, donné au Blue Note’s Jazz Club à New York.
Christian Scott y livre une prestation comme souvent exceptionnelle, et en 12 titres y livre son art le plus personnel, le plus vivant. Car pour un artiste comme Christian Scott, c’est bel et bien sur scène que sa musique prend tout son sens et délivre toute son émotion.
4. Arctic Monkeys – Royal Albert Hall (pop rock)

Ce concert enregistré en 2018 dans la mythique salle londonienne sort opportunément pour Noël. Devant un public conquis d’avance, les gars de Sheffield font le job, et le font très bien, profitant de ce premier album live pour offrir à leurs fans une forme de best-of en 20 titres, n’omettant aucune partie de leur carrière. Et on comprend bien mieux à l’émotion ressentie pourquoi Arctic Monkeys est aujourd’hui bien plus qu’un imitateur des Beatles ou des Stones comme tant d’autres avant eux, mais bel et bien l’un des plus dignes héritiers des brit pop bands, dans la tradition la plus pure du genre.
5. The Might Be Giants – Live at the Music Hall of Williamsburg (indie rock)

Presque 35 ans après la sortie de leur premier album (c’était en 1986 !), They Might Be Giant publie ce live enregistré en duo en 1995 à Brooklyn. Il reprend une sélection de titres publiés originellement entre 1983 et 1991, à l’occasion d’une série de deux concerts revenant sur une carrière impressionnante mais finalement trop peu connue chez nous. Où seul le titre Boss of me est à peu près connu, ayant servi de générique à l’exceptionnelle série Malcolm !
Album très peu retravaillé, dispo en download via le site du groupe, ce Live at the Music Hall of Williamsburg rappelle l’énergie brute des bootlegs, et nous rapproche donc véritablement de l’ambiance la plus pure d’un concert.
6. The War On Drugs – Live drugs (indie rock)

Fils spirituels quasi autoproclamés de Bob Dylan et de Springsteen, The War On Drugs publie ce premier album live. 10 titres (seulement !) qui démontrent la musicalité jamais démentie de ce groupe de Pennsylvanie.
Mais au-delà du Zim’ et du Boss, The War On Drugs a su reprendre à son compte 30 ans d’indie pop américaine, mêlant avec un si subtil dosage l’americana, le college rock des 90s et les éléments les plus folk de ses deux références principales.
7. Runrig – Live at Rockpalast (rock celtique)

Le mythique groupe écossais rejoint la très longue collection de concerts enregistrés pour la tout aussi mythique émission de la TV allemande. Deux albums regroupent deux prestations de Runrig, dont l’ultime concert s’est déroulé « à la maison » à Stirling.
Ces deux Rockpalast sont des shows enregistrés en 1996 et en 2001.
Durant sa carrière (sur disque entre 1978 et 2018), Runrig s’est fait une spécialité de mêler chant en anglais et en gaélique écossais. Plusieurs de ces chansons sont évidemment présentes ici, parmi lesquelles An Ubhal as Àirde, l’une des premières chansons en gaélique écossais à avoir été placée dans les charts britanniques.
8. Longwave – Live at the Bowery Ballroom (indie rock)

Groupe new-yorkais évoluant dans un genre entre indie rock et showgaze, avec du Morrissey dans la voix, Longwave s’est fait connaître des fans des Strokes ou de The National pour qui ils ont assuré quelques premières parties remarquées. Le groupe formé en 1999 s’est séparé quelques années, puis rabiboché en 2018, pour un nouvel album, puis ce live enregistré au mythique Bowery Ballroom, l’une des scènes new-yorkaises les plus intéressantes en terme de programmation.
9. Devin Townsend – Order Of Magnitude Empath Live Volume 1 (metal)

Qui dit volume 1 attend volume 2 dont on parlera un peu plus bas. Mais sur ce premier volume, il y a déjà de quoi occuper pas mal de temps. Devin Townsend a profité de la tournée suivant son dernier album, Empath, pour enregistrer l’un de ses concerts en décembre 2019 à Londres. Puisant autant dans Empath que dans sa discographie moins récente (jusqu’à War, extrait de Ocean Machine : Biomech, en 1997), Devin Townsend prouve une nouvelle fois qu’il est le maître des sons.
Le volume 2, lui, est un concert virtuel because la quarantaine because la COVID-19, concert disponible sur Youtube.
10. Miles Davis Septet – Live in Tokyo 1973 (jazz)

Les enregistrements des concerts de Miles Davis sont nombreux, et c’est une très bonne chose tant la musique du trompettiste américain est peut-être celle qui a apporté le plus d’éléments à tous les styles dans la deuxième moitié du XXe siècle. Puisant dans ses alors récents albums On the corner ou Jack Johnson, interprétant aussi des titres d’albums à venir (Agartha prelude, du double album à venir en 1975), Miles Davis et ses six musiciens s’affranchissent de toutes les frontières qu’elles soient celle du jazz, du psychédélisme, du funk et même du rock. C’est un voyage sonique absolu, dans ce qui est la période la plus folle de sa carrière. Peut-être aussi la plus géniale et surtout la plus incomprise.