La nouvelle année commence très doucement – c’est un euphémisme – pour les sorties d’album. C’est l’occasion de nous pencher, chez Myskeuds, sur ces albums qui sont sortis il y a 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans et 50 ans, soit chaque année en 1 depuis 1971. Et autant dire qu’il y a eu quelques millésimes assez exceptionnels. Exercice difficile, selon les années, de limiter notre sélection à 10 albums.
La playlist est ici :
https://open.spotify.com/embed/playlist/4xOXaNmCrDtjLXSX99lboW
1971, l’année majeure du rock et de la pop
La sélection des albums millésime 1971 a été quasi impossible à réduire à 10 albums. On aurait pu en compiler encore 20 ou 30 autres pour cette année exceptionnelle !

David Bowie – Hunky Dory
Hunky Dory ou The Metrobolist ? L’album est (re)sorti, remixé, sous ce titre l’an dernier. Il comporte quelques classiques de Bowie : Life on Mars?, Oh you pretty things, Andy Warhol ou encore Changes.
The Who – Who’s next
Après la déferlante Tomy, The Who proposent un album de chansons, sans concept. Pour autant les classiques s’y ramassent à la pelle : Baba O’Riley, Won’t Get fooled again, My wife, behind blue eyes…
Rolling Stones – Sticky Fingers
Premier album de Jagger & co pour leur propre maison de disque. La pochette a été imaginée par Andy Warhol. Deux des plus grands tubes des Stones y sont : Brown sugar et Wild horses.
Led Zeppelin – IV
Album mythique, album mythologique, même, Led Zeppelin IV est un best of du groupe : Stairway to heaven, Black dog, Rock & roll, When the leaves break. Qu’ajouter ?
Jethro Tull – Aqualung
Album à deux vies, « offert » à une deuxième génération après la parution de son édition 25 ans en 1996, Aqualung marque surtout l’immixtion de la musique folk, voire traditionnelle, dans le rock progressif. Et fait de la flûte un instrument rock !
The Doors – LA Woman
Ultime album des Doors du vivant de Jim Morrison, dont le décès empêchera le groupe de le défendre en tournée. Conclu par le crépusculaire Riders on the storm.
Marvin Gaye – What’s going on
Etat des lieux d’une époque troublée, marquée par la fin du flower power, les cicatrices de l’ère Manson, la lutte pour l’égalité des droits, What’s going on a réussi à transcender les genres pour s’imposer comme un classique de la musique du XXe siècle.
T-Rex – Electric Warrior
Mentor, ami et rival de Bowie, Marc Bolan était surnommé « l’ange du rock ». Il a réussi mieux que quiconque à rendre le rock non pas sexy, mais sexuel.
Black Sabbath – Master of Reality
L’album qui fonde véritablement le heavy metal ? Rien que ça ? Pas impossible. Loin de là.
John Lennon – Imagine
Ou comment un disque pourtant bourré de hits (Jealous guy, Oh my love, How do you sleep) est surtout phagocyté par une chanson, la chanson titre, Imagine, qui entre quasi immédiatement au patrimoine de l’humanité.
1981, l’année des nouveaux territoires musicaux
La disco, le punk, la folk, la pop ou même certaines formes de rock sont déjà entrain de tomber en désuétude. L’heure est aux claviers, les premiers synthétiseurs débarquent, encore analogiques. Et révolutionnent la musique pop.

Kraftwerk – Computer world
Computer world, ou Komputerwelt dans sa version originale allemande, l’album a la particularité d’exister en 4 langues : allemand, anglais, français et japonais. Album fondateur du mouvement techno !
The Cure – Faith
Un seul single, Primary, mais une marque indélébile sur la musique des années à venir, et, pour The Cure, le prélude à la vague Pornography.
Ozzy Osbourne – Diary of a madman
Ultime album de Randy Rhoads, guitar hero accompagnant Ozzy depuis son départ de Black Sabbath, Diary of a Madman pourrait être, par son titre, le résumé de la vie d’Ozzy.
Iron Maiden – Killers
L’arrivée d’Adrian Smith offre à Iron Maiden, sur ce deuxième album, la formule qui fera son succès : deux guitaristes et la naissance de la new wave of British heavy metal. Dernier album avec Paul Di Anno, avant l’arrivée de Bruce Dickinson.
Depeche Mode – Speak & spell
Album d’un énième groupe pop synthé, ou acte fondateur d’un groupe légendaire ? L’histoire, 40 ans après, a jugé. Just can’t get enough, new life ou I Sometimes wish I was dead impriment le rythme d’une carrière exemplaire.
Killing Joke – What’s this for… !
L’album qui tue définitivement ce qu’il reste du punk, en lui empruntant son énergie, mais en la mêlant à des sonorités qui préfigurent le rock industriel à venir, se rapprochant déjà dangereusement du metal.
The Birthday Party – Prayers on fire
Punk, rockabilly et blues sont les fondations de ce groupe que beaucoup ont oublié, mais dont le chanteur, guitariste et saxopohoniste est aujourd’hui l’un des artistes les plus passionnants du rock et de la pop : Nick Cave.
Kim Wilde – Kim Wilde
Kids in America, la chanson qui donnera à la fille du rockeur Marty Wilde un nom et un prénom. La chanson considérée par Alice Cooper himself comme la suite de son School’s out. La première chanteuse 80s, préfigurant les Madonna ou Cyndi Lauper encore en gestation artistique.
Klaus Nomi – Klaus Nomi
Un air d’alien asexué, une voix venue d’ailleurs, un mélange entre la musique synthétique naissante et le chant lyrique (ah, The Cold Song), et tout de même un triple disque d’or en France !
The Exploited – Punks not dead
Premier brûlot ardent pour les punks écossais. Qui, 40 ans après, tournent toujours. Ils auront été parmi les premiers à faire tomber les barrières entre punk et trash metal. Toujours plus de sexe, et de violence.
1991, l’année folle
Un peu comme 1981, 1991 est l’occasion d’ouvrir une nouvelle page. Les géants d’un passé récent deviennent dinosaures. La vague grunge enterre le rock FM, la techno qui s’est révélée depuis quelques années est en pleine mutation.

Primal Scream – Screamadelica
Le groupe écossais réussit un challenge alchimique qui le place très loin au-dessus de ses contemporains : plus que tous les groupes de fusion qui pullulent déjà et fusionnent des matières finalement plus proches qu’on ne le croit, lui réussit à faire aimer la rave aux rockeurs, et le rock aux fans de psychédélisme synthétique. L’un des albums les plus riches qui soient !
U2 – Achtung Baby
Quand tu enregistres aux Hansa Ton Studios de Berlin avec Brian Eno, il y a une sorte de bénédiction divine… Demandez à Bowie pour Low… U2 y signe son chef d’oeuvre artistique. Un album dont le groupe ne saura plus jamais retrouver la magie par la suite.
My Bloody Valentine – Loveless
Les 80s ont été les années fluo, délire et fiesta. Mais aussi les années SIDA. Le groupe irlandais traîne un spleen pré-millénaire, et noie sa musique dans un mur du son à faire pâlir le pourtant très (trop ?) fou Phil Spector.
Nirvana – Nevermind
« I feel stupid and contagious, Here we are now, entertain us« … Pan, en quelques mots, Kurt Cobain et Nirvana écrivent la bande son d’une génération. Nevermind, hommage et défi au Never mind the bollocks des Sex Pistols ouvre la décennie.
Metallica – Metallica
Metallica, ou Black album, ce disque va à la fois populariser le heavy metal et le tuer, l’exposant tel Icare aux rayons du soleil, en l’occurrence du succès grand public, pour un genre jusqu’alors underground. Ce disque est toujours un monument, mais aussi un point de discorde entre les fans du groupe d’avant Black Album et ceux qui ont découvert Metallica et le metal avec ce disque.
Massive Attack – Blue Lines
Déjà en 91, « la bamboche c’est fini », et la scène électro s’ouvre à l’obscurité, au spleen. Dans ce domaine, Massive Attack est un géant, qui ouvre aussi au grand public un style alors naissant, mais qui, hors Massive Attack, ne survivra pas à l’an 2000 : le trip hop.
Tom Petty – Into the great wide open
Typiquement le US Hero trop méconnu chez nous. Tom Petty publie avec cet album des chansons rock mêlées de country, de folk et de blues qui l’asseoient définitivement parmi les plus grands songwriters américains. Learning to Fly ou Into the great wild open dont le clip réunit le débutant Johnny Depp et la mégastar Faye Dunaway sont des must.
Temple Of The Dog – Temple of the dog
Le grunge, c’est la déflagration 1991. On ne pouvait pas passer à côté de Nirvana. Mais on ne pouvait pas non plus passer à côté de Pearl Jam ou Soundgarden. Ca tombe bien : Temple Of The Dog réunit des membres des deux groupes, pour un hommage à l’un de leurs amis. Et se pose en référence ultime du genre grunge !
Mr. Bungle – Mr. Bungle
Faith No More a embauché Mike Patton, et cartonne depuis deux ans. Le chanteur en profite pour faire émerger son premier projet, Mister Bungle, qui deviendra vite groupe culte, mélangeant sans vergogne et avec un plaisir sadique le rock, la pop, le jazz, le punk, le metal pour en faire un ovni musical jamais égalé.
Guns’n’roses – Use your illusion I & II
Use your illusion I & II, parce que le label ne voulait pas d’un double album. Et un disque qui mêle le hard FM des 80s avec la noirceur arrivant des 90s. Finalement, le meilleur passage qui ait été publié entre ces deux décennies.
2001, l’année millénaire
A la crainte du passage au millénaire ressentie dans la musique (grunge, puis nu metal d’un côté, naïveté des boys & girls bands de l’autre), suit l’entrée de plain-pied dans les années 2000. Où l’on sent une envie de plus revenir aux bases, mais pour mieux s’en émanciper.

Gorillaz – Gorillaz
Damon Albarn est fou. De musique surtout. Très loin de la pop sympa de Blur, il créée avec Gorillaz et ses membres manga-virtuels un nouveau moyen d’expression par la musique et l’image.
Strokes – Is this it ?
Fils à papa héritiers de Television et du Velvet Underground, The Strokes apparaissent comme l’un des premiers groupes survendus de l’histoire. Leur carrière a explosé dans les années 2010, mais ce Is This it ? a le mérite de réveiller New York et sa scène underground, choquée par tant d’effronterie si réussie
Radiohead – Amnesiac
Successeur et finalement face B de Kid A sorti quelques mois plus tôt, Amnesiac est peut-être le rock’n’roll suicide dont rêvait Ziggy Stardust. En deux albums, Radiohead dit un gros fuck à l’industrie musicale, persuadé que son seul talent lui permettra de fédérer ses fans quelle que soit la musique qu’il proposera. C’est fou. C’est punk. C’est réussi au-delà de toutes les attentes.
Björk – Vespertine
Björk en colère (bon, assez habituel semble-t-il) à l’époque, sur le tournage de Dancer in the dark. Björk également en attente impatiente d’un changement musical. Comme la chenille désormais sûre de devenir papillon. Vespertine, où l’album qui la consacre parmi les artistes cultes.
Jay Z – The Blue print
La légende veut que l’album ait été écrit en deux semaines. Et l’album est, lui, entré dans la légende, révolutionnant le rap, par l’apparition de nouvelles sonorités, enterrant en le célébrant tout ce qui avait pu se faire jusque là. De rappeur, Jay Z est ainsi devenu rockstar mondiale.
Tool – Lateralus
On avait touché avec Aenima un bout de la profondeur musicale de Tool. Lateralus enfonce le clou : depuis King Crimson en 1969, on n’avait rien entendu de tel. Tool réinvente le rock, le metal, le prog, la pop, en faisant fi des formats, laissant sa seule imagination guider sa musique.
Muse – Origin of symmetry
Le trio britannique signe avec Origin of symmetry l’album que Radiohead aurait pu faire après OK Computer! s’il n’avait décidé de virer vers l’électro et le rock progressif. Cet album marque le début de l’ère Muse, le faisant passer parmi les superstars mondiales. Artistiquement, c’est presque le sommet de sa carrière.
Daft Punk – Discovery
Le fameux « album de la confirmation » après le premier album en 97 et son Da Funk, qui avait fait exploser le groupe. Discovery est aussi un kiffe pour les enfants de la génération Albator, puisque servant de BO à l’un des films animés du maître manga Leiji Matsumoto. Et Daft Punk indique qu’il est plus qu’un duo fait pour faire danser en boite de nuit.
Rammstein – Mutter
Après la déflagration Sehnsucht qui a fait connaître le groupe berlinois au monde entier, Mutter marque un premier tournant dans sa carrière : Rammstein s’impose via l’album et la tournée suivante comme l’un des plus gros groupes/artistes de scène au monde. Tout en ayant une approche moins indus mais un peu plus goth rock.
Elbow – Asleep in the back
Proposer quelque chose de neuf à la brit pop, après les 90s et le duel Blur Oasis, est-ce possible ? Oui, et c’est Elbow qui le propose dès ce premier album. Le groupe mancunien apporte un peu de zénitude dans le spleen de l’époque, aidé par des arrangements rappelant furieusement le meilleur des 70s.
2011, l’année peu exceptionnelle
C’est une année en 1, mais qui n’aura pas connu de révolution majeure. Un album s’en dégage très évidemment, c’est 21, d’Adèle, qui réconcilie les générations.

REM – Collapse into now
Eddie Vedder (Pearl Jam), Peaches ou Patti Smith : il fallait des invités pour conclure en beauté l’aventure REM. Le groupe avait annoncé dès avant la parution de cet album qu’il serait son ultime.
The Decemberists – The king is dead
Le groupe américain réussit à traverser l’Atlantique avec un album d’americana, style over-ultra-yankee, mélange de rock, de folk et de country.
Tom Waits – Bad as me
On ne le savait pas à l’époque, mais on s’en aperçoit dix ans plus tard : Bad as me est le dernier album studio en date du poète fou Tom Waits, entré la même année au rock’n’roll Hall of Fame.
Adele – 21
21, comme l’âge de son interprète à la sortie du disque. Et l’impression que la jeune britannique a déjà tout compris au mythe Aretha Franklin. Une voix puissante, des mélodies immédiatement reconnaissables. L’un des grands albums de ce début de siècle.
Arctic Monkeys – Suck it & see
Le groupe qui a tout pour ne pas plaire « gros succès trop jeunes », « trop pour les gonzesses », etc. Mais force est de constater qu’Alec Turner et son groupe se sont installés pour de bon parmi les meilleurs groupes pop rock britanniques.
James Blake – James Blake
Cocher la case techno en 2011 n’a plus rien d’original. Mais lui associer une sonorité soul et des accents folk, forcément ça change la donne.
The Pains of Being Pure at Heart – Belong
Ce groupe new-yorkais réussit à mixer la no wave de Sonic Youth, le spleen shoegaze de My Bloody Valentine et la pop la plus radio friendly. Expérience étonnante mais plus que réussie.
Ulver – War of the roses
Premier album « pop » pour le groupe norvégien, après un début par le black metal et un virage vers le trip hop, War of the Roses marque encore aujourd’hui une excellente porte d’entrée à leur univers.
Dropkick Murphys – Going out in style
Premier album concept des Bostoniens, cet album raconte la vie d’un émigrant irlandais aux Etats Unis. Le groupe s’y permet un duo avec The Boss, Bruce Springsteen, en personne, sur Peg O’my heart !
Metallica & Lou Reed – Lulu
La rencontre entre Lou Reed et Metallica, ou la promesse d’un disque fou, entre ceux qui ont popularisé le heavy metal dans la culture populaire et le créateur du Velvet Underground, et auteur du jusqu’au-boutiste Metal Machine Music.
Finalement c’est un album concept de Lou Reed, avec Metallica relégué au rang de simple backing band. Dommage.