Il y a des disques où la simplicité est évidence. Simplicité, voire austérité de l’instrumentation, réduite à une guitare pour accompagner des mélodies et des textes précis, poétiques, un peu sombres aussi (Hang me high). C’est le cas sur ce deuxième album de Silas J. Dirge, folkeux néerlandais (de son vrai nom Jan Kooiker). Notre homme donne dans la country alternative, peut-être l’un des genres musicaux les plus intéressants de ces dernières années. Sa musique se mêle parfois d’atours d’électro saupoudrée de ci, de là pour mieux envoûter ses chansons (Hear its roar). Les 10 titres proposés sur cet album ont cette beauté crépusculaire si rare, inspirée autant par Johnny Cash que par le rock alternatif des années 90.
Rare sont les disques où l’on ressent une aura, à la fois légèrement inquiétante et pourtant tellement fascinante, dark juste comme il faut. Un peu comme la bande originale d’un nouveau western gothisant, comme si Clint Eastwood venait faire un dernier tour de piste dans l’un de ses rôles fétiches, celui du vengeur sans nom, qui défouraille sec au nom d’une quête ou d’une mission quasi divine.
Poor Devil est du tonneau de ces disques qui atteignent dès la première écoute une forme d’intemporalité, mais nous font voyager note après note. De ces albums qui s’écoutent seuls, dans notre intimité, comme un secret que l’on ne veut partager qu’avec quelques esprits avertis. De ces albums, surtout, qu’on sait pouvoir écouter encore dans un an, dans dix ans, dans vingt ans, avec le même plaisir.
