Il y a le rap bling-bling souvent aussi bon qu’un kebab, et il y a Madlib. A ceux qui parleront de Kanyé West ou de Booba, il est évident qu’un album de Madlib sera trop indigeste, car comment faire apprécier un très grand cru à un amateur de soda ?
Et Sound Ancestors est un très grand cru de Madlib. Le producteur américain revient à ce qu’il sait le mieux faire : utiliser le groove chaud du jazz et de la soul pour les magnifier sous ses platines (The Call, un morceau anthologique !). Madlib a trouvé le secret de l’alchimie hip hop pour utiliser les techniques actuelles pour magnifier le son d’origine du hip hop, celui des pionniers des années 70/80.
Sound Ancestors est certainement un hommage à cette époque bénie de la musique, quand le hip hop encore embryonnaire était plus un moyen d’expression nouveau dans des scènes déjà connues (jazz, soul, funk) qu’un but à atteindre pour cumuler les billets, les femmes, les bouteilles et les voitures : Road of the lonely ones, par exemple, amour d’électro-soul, ou le mélange de gamelans sur Hopprock…
Il y a ici quelque chose qui tient de l’absolu sincérité et de l’amour profond de la musique. Quelque chose d’autre, aussi. Dans le rap, dans le rock, la littérature, le cinéma, les sciences ou tout autre domaine, il paraît qu’on appelle ça le génie.
