Depuis une cinquantaine d’années, Vincent Furnier cohabite dans son corps, et peut-être son âme, avec le damné Alice Cooper. Une cohabitation qui a porté ses fruits avec 29 albums (et on ne compte pas ici les live ou les compilations). Si l’on distingue les deux, c’est parce que sur Detroit Stories, on a l’impression que l’âge venant, Alice a décidé de remercier Vincent pour cet accueil corporel, en lui laissant aussi la parole.
Alors bien sûr, un album d’Alice Cooper, c’est d’abord Alice et son hard rock théâtral, grandiloquent, parfois effrayant. Et les titres attendus sont là : Rock’n’roll, le très bien nommé, Social debris, Hall Mary, et quelques autres font parfaitement le job : du Classic-Cooper comme on aime, avec les choeurs sur les refrains, la voix de Monsieur (dé)Loyal d’Alice, les soli de guitare, etc, etc.
Et puis, il y a un nouveau personnage, c’est Detroit. Car ce Detroit Stories regorge d’amour pour la ville qui a vu Alice Cooper naître, d’abord sous forme de groupe, puis en carrière solo : référence au MC5 et à Iggy Pop, et même à David « Ziggy » Bowie, mais aussi à Suzi Quatro (nouvel album prévu cette année aussi pour elle) sur Detroit City 2021, référence à la Motown sur l’impressionnant et surprenant 1000 Dollars High Heels Shoes, basse ronflante, groove immédiat et shooo dooo waaaa par un choeur féminin. Alice est universel, et veut le faire savoir. Alice est un petit gars de Detroit, il veut le rappeler. Urbi et orbi.
Mais un album d’Alice Cooper, ce sont aussi des moments suspendus, des chansons qui sortent immédiatement du lot, soit parce qu’elles sont formatées pour devenir des tubes (Poison, sur Trash en est le meilleur exemple de sa carrière), soit parce qu’elles marquent une différence intense avec le reste de son oeuvre. Ici, c’est Hanging on by a thread (don’t give up) qui en tient le rôle. Rythmique genre rock alternatif, bien downtempo et lourd, couplets parlés pour un refrain chanté et surtout ce message d’urgence et de prévention du suicide. Puisque c’est de ça qu’il est question, jusqu’au numéro de la hotline dédiée à Detroit pour conclure la chanson.
Et surtout, au-delà d’un message de motivation, de soutien et d’amitié, cette chanson est peut-être le premier duo réalisé entre Alice (au chant pour les refrains) et son alter-ego, Vincent Furnier, tout en humanité lorsqu’il narre les couplets. Cette chanson fera date dans la carrière d’Alice Cooper.
On pourrait ainsi analyser chacune des 15 chansons composant ce Detroit Stories, mais so what ? Ce disque est juste un nouvel album d’Alice Cooper. Un nouveau excellent album d’Alice Cooper. In Alice we trust, forever.

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