Gaëtan Roussel a ce talent rare : faire d’une mélodie simple, avec quelques mots épars, une histoire, un momentum, un petit événement. Sa science de la production et des arrangements lui permet de transformer chaque idée, chaque son, en or. Dès Tu ne savais pas, l’impression d’être à côté de lui en studio prend forme. Les quelques notes de piano, disséminées avec parcimonie, créent une forme de tension, jusqu’à ce que tous les instruments prennent le pas, dans une sorte de folk folle que ne renierait pas Tom Waits. Mais surtout, les chansons de Gaëtan Roussel sont d’abord des messages, des instantanés, des lettres ouvertes : de la chanson populaire joliment « salie » à la rigueur presque expérimentale et underground dont ce sorcier est amoureux. On ne se proclame d’ailleurs pas fan des Violent Femmes depuis près de 30 ans sans raison !
Est-ce que tu sais est un nouveau joyau à ajouter à la collection déjà importante de l’artiste, depuis les débuts de Louise Attaque, en passant par ses nombreux autres projets ou collaborations. Et en parlant de collaboration, il y a deux duos sur ce nouvel album : La photo, folk et sépia, avec Camélia Jordan, et Sans sommeil avec Alain Souchon, fausse rythmique reggae pour vrai plaisir mélancolique et doux.
De manière générale, il se dégage de ce nouvel album une langueur et une finesse pop très 70s, comme pour mieux nous offrir un sas de décompression par le souvenir des sens, dans une époque où tout est bien trop agité. Et ça fait vraiment du bien !