Corr Mhóna vient de publier son deuxième album, 7 ans après Dair. Le groupe irlandais a fait le choix de ne chanter qu’en gaélique irlandais (à ne pas confondre avec le gaélique écossais, bien que les deux soient relativement proches).
La musique proposée ici doit être qualifiée de metal extrême, quand bien même ça demeure un peu trop limitatif. Car s’il y a bien des éléments doom ou même death, la musique folk prend une place très importante, et ce dès l’introductif et post-black An Fheoir. Chant hurlé, chant polyphonique, claviers, tout ici concourt à créer un album unique, du domaine de l’expérience plus que de la musique à proprement parler. La démarche rappelle celle des Norvégiens Ulver, lorsqu’ils ont commencé à muer du black metal à tendance folk vers une musique plus riche. Ulver signifiant loup en norvégien et Corr Mhóna se traduisant par héron, c’est à une drôle de fable que nous pourrions alors assister.
Abhainn est aussi un album prog, comme sur Banda où folk et extrême se croisent dans une farandole un peu folle.
La violence de certains passages extrêmes n’est pas ici gratuite. Elle se met au service d’un propos fort, poétique qui traduit finalement en notes la beauté de l’Irlande dans toutes ses dimensions, des plus ésotériques (Cumar an da Uisce, instrumental cristallin) aux plus guerrières et noires, mais avec cette âme celte.
Corr Mhóna signe un disque différent, rare, beau et intense.
