On ne l’a pas senti venir cet album. Et pourtant, tout était écrit, ou presque, depuis 25 ans et la publication de Ocean Machine : Biomech, puis des nombreux albums édités par Devin Townsend sous son nom ou celui du Devin Townsend Band. Qu’on se réfère à Terria, ou plus proche à Transcendence ou Empath, la folie douce et furieuse de l’artiste canadien affleurait. Mais, peut-être par timidité, la cachait-il sous d’épaisses couches de guitares qui ont créé le son Devin Townsend.
Là, sur The Puzzle, il va à l’épure. Convoque la musique contemporaine, le free jazz, la fusion des sons et des songes. Il y a ces claviers quasi spatiaux, ces choeurs venus d’ailleurs, cette lourdeur fraîche comme l’immense vague océanique qui va nous tremper, nous faire vaciller, nous rafraîchir et nous enchanter. Mais sans les guitares typées métal, l’ensemble prend une dimension encore plus folle, encore plus forte, encore plus infinie. Et de nous ramener à l’album Infinity, à l’orée des années 2000, premier album totalement fou réalisé par le guitariste génial de Vancouver.
Pour son créateur, cet album se veut une expérience multimédia. Une version plus travaillée que l’album Devlab (2004). Au total, ces 20 pistes s’écoutent comme une seule pièce, belle et essentielle.
A côté, Devin Townsend nous offre Snuggles, qu’il estime être le calme, comparé à Puzzle, qui représente pour lui le chaos. Et de nous offrir d’entrée une plage onirique sur laquelle plane la douce voix de la chanteuse néerlandaise Anneke Van Giersbergen, devenue au fil des années une véritable compagne de travail, voire même son alter ego féminin. Ici encore, malgré le nombre de plages (12 au total), ce n’est qu’une seule pièce, douce, lumineuse, ambient, qui se dévoile à nos oreilles !