Il y a quelque chose d’étrange à écrire ces prochains mots, en 2023. Mais, oui, il y a un côté madeleine de Proust, retour à l’adolescence au moment d’écouter Obituray. Certainement parce que j’ai eu le poster dédicacé dans ma chambre, à l’époque glorieuse de World Demise. Et que, les années passant, les découvertes musicales se multipliant, j’en avais un peu oublié Obituary.
Il faut dire qu’entre cessation d’activité au tournant du siècle, puis temps long entre deux albums (le dernier, Obituary, date d’il y a 7 ans tout de même), le groupe n’a pas aidé.
Mais si aujourd’hui, plus de 30 ans après leur premier album, les Floridiens ont besoin de temps pour sortir un tel disque, je dis oui. Mille fois oui.
Car Dying for everything met une claque à tout ce qui se dit death metal moderne. Avec une approche instinctive, songwriting, presque artisanale, Obituary se singularise. On sent la sauvagerie et la sincérité dans chaque plan. Loin, très loin des productions boursouflées de certains qui cachent sous un gros son un manque de conviction artistique. On pourrait aussi rappeler le niveau technique assez ahurissant des frères Tardy et leurs amis. Mais est-ce encore bien nécessaire ?
La meilleure comparaison serait entre un film de science fiction tourné en décor réel et un film de science fiction tourné sur fond vert. Obituary, sur des chansons comme The wrong time ou My will to live se situe clairement dans la première catégorie. Au-delà de la violence, au-delà de certaines interrogations mortifères (Weaponize the hate, Barely alive), il y a ici de la vie. Beaucoup de vie. Pas forcément une vie de rêve. Mais de la vie. Et aujourd’hui, que ça fait du bien de sentir de la vie. Quelle qu’en soit la qualité. Obituary fait ici un salutaire rappel : il est l’un des fondateurs du death metal. Et donc l’un des gardiens de ce temple aussi maudit que sacré.
