La France a toujours eu un rapport assez fort avec la musique industrielle. Qu’elle vienne du punk (Treponem Pal), du gothic (Dagoba) ou aujourd’hui Fange. Dans l’inspiration d’un Yeruselem, Fange propose sur Privation un disque sombre, nihiliste, métallique. Et tout ça au service d’un sludge urbain, post moderne.
Si Apple Music présente l’album comme progressive rock, on hésitera à croquer dans la pomme. Car ici, si progressions il y a, c’est dans la violence, parfois exprimée, parfois sourde, qui nous accompagne. Comme une aura de soufre.
Fange parvient à trouver ce savant équilibre entre les machines et les instruments metal traditionnels. Bravo, d’ailleurs pour l’excellent mix, qui offre une profondeur de champ assez rare.
Alors, oui, le propos est plus que sombre, noir, virulent. Mais cela se ressent dès la lecture des titres (Sang-vinaigre, Les crocs limés, Enfers inoculés, et, histoire de finir sur une note… finale Extrême onction).
On pourrait aussi rapprocher les incantations de JB Lévêque d’un SAS de l’Argilière. D’autant plus que les paroles ont une approche littéraires qui raviraient Misanthrope.
Ce quatrième album est une nouvelle déflagration pour Fange. Mais celle-ci risque d’être dévastatrice, laissant les trois albums précédents pour simples prémices sismiques.
Pas loin d’être à 7 sur l’échelle du sludge industriel, Privation ne pourra que marquer de son empreinte sale l’année musicale 2023. En attendant au plus vite une réplique au moins aussi forte à un album brillant de bout en bout.
Le BandCamp officiel du groupe
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