What time is it ? It’s Boss time ! Bruce Springsteen et le E-Street Band débarquent en France dans quelques jours dans le cadre de la tournée mondiale débutée cette année. L’occasion de revenir sur le parcours du Boss à travers 20 chansons. 10 reprises par Springsteen, ou plutôt des adaptations à son univers. Et dix reprises de Springsteen par d’autres artistes. Même si c’est parfois un peu plus compliqué. Springsteen en dix reprises par les autres
- Patti Smith – Because the night (1977)
Ces notes de piano, puis la voix de Patti Smith. Une ambiance nocturne ni tout à fait saine, ni tout à fait interlope. Et un morceau un peu particulier dans sa diffusion.
L’écriture en revient au duo Springsteen-Smith. Le Boss l’enregistre en premier, pensant l’insérer à Darkness on the edge of town. Puis la laisse de côté.
Alors, Patti Smith s’en empare pour son album Easter. Bilan : le plus gros succès de la chanteuse américaine. Springsteen, lui, l’interprètera très vite sur scène. Mais il faut attendre The Promise (2010), soit 33 ans plus tard, pour qu’il en grave une version studio sur album.
On ne peut donc pas considérer qu’il s’agisse à 100% d’une reprise de Springsteen par Patti Smith. Seule certitude : cette chanson est un monument du rock.
2. Manfred Mann’s Earth Band – Blinded by the light (1977)
Manfred Mann’s Earth Band est la dernière incarnation du groupe Manfred Mann, créé dans les années 60. Le groupe a connu quelques succès jusque là. Mais c’est cette reprise de Springsteen qui leur offrira leur plus grand succès ! Blinded by the light est originellement incluse sur le premier album du chanteur du New Jersey, Greetings from Ashbury Park, NJ, d’ailleurs le tout premier single publié par Springsteen.
Blinded by the light sera la seule chanson de Springsteen numéro 1 des Charts en tant que songwriter. Le groupe touchera cependant à la chanson, en changeant quelques paroles.
3. Frankie Goes To Hollywood – Born to run (1984)
S’il y a UNE chanson qui définit tout Springsteen, c’est Born to run. Créée sur une route du Tennessee, enregistrée à New York, Born to run est devenue année après année le morceau de ralliement des fans, celui sur lequel, généralement, un concert de Springsteen passe la dimension supérieure. Une chanson qui s’inscrira au panthéon de la culture américaine.
Alors, quand Frankie Goes To Hollywood décide d’en faire une adaptation, c’est assez surprenant. Jusqu’au résultat ! On pensait que le groupe en ferait un morceau new wave. Mais non. S’il lui insuffle une énergie née du punk rock – déjà loin au moment de l’enregistrement – on sent que FGTH a surtout voulu rendre hommage à l’hymne parmi les hymnes de la chanson bigger than life !
4. Jerry Lee Lewis – Pink Cadillac (2006)
Pink Cadillac n’est pas une chanson d’album, mais la face B du hit Dancing in the dark. Et quand Jerry Lee Lewis décide de la reprendre, c’est pour en faire un monument du rock’n’roll. Plus loin, celui qui fait partie des figures tutélaires du rock décide d’inviter Springsteen pour un duo qui se révélera exceptionnel.
Quand le critique Jon Landau écrit un soir de 1974 « Ce soir j’ai vu le futur du rock, et son nom est Bruce Springsteen », il était loin de se douter qu’avec cette reprise/duo, le futur du rock et l’un de ses géniteurs parviendraient ensemble à créer un si beau pont intergénérationnel !
5. David Bowie – It’s Hard To Be A Saint In The City (1989)
Quand David Bowie enregistre cette version, il est déjà une star, grâce à Ziggy Stardust, dont il veut se défaire. Entrain d’enregistrer Young Americans, il croise Springsteen dans un studio à Philadelphie et propose de lui faire écouter sa version de It’s Hard To Be A Saint In The City. Laquelle ne plaira pas à son créateur. Bowie la laissera de côté, jusque’à tenter à nouveau sa chance en 1989 à l’occasion du coffret Sound + Vision. Cette fois, Springsteen acceptera.
Springsteen, lui, reprendra sur scène Rebel Rebel en 2016, pour rendre hommage à Bowie, tout juste disparu.
6. Johnny Cash – I’m on fire (2000)
Si Born in the USA semble pour beaucoup être la seule et unique chanson de l’album auquel elle a donné son nom, quelques perles y sont aussi présentes. A l’exemple d’I’m on fire. Elle marque d’ailleurs l’apparition du synthé dans l’oeuvre de Springsteen.
De façon assez étonnante, donc, elle sera reprise par Johnny Cash, qu’on aurait plus facilement imaginer reprendre un morceau issu de Nebraska. Et c’est sur un album hommage à … Nebraska (!!!) Qu’il signera cette version cashienne en plein. Comme une nouvelle écriture son son iconique et mythique Walk the line.
7. Neil Young – My hometown (2014)
My Hometown fut le 7e (!!!) single extrait de Born in the USA. Qui, comme les autres, obtiendra un top 10 au Billboard.
Chanson typique des années 80, elle contient ce synthé, marque de l’époque.
Alors, quand le Loner décide d’en faire une reprise, il lui rend sa rusticité folk originelle. Avec une voix étouffée, comme d’un enregistrement de vieux blues des années 40, Neil Young propose un saut dans le temps assez exceptionnel, accompagné, évidemment, de sa guitare et son harmonica. A retrouver sur son album A letter home, publié en 2014. Springsteen, lui, publiera un album A letter to you en 2020. Comme une réponse à ce bel hommage ?
8. Nicola Sirkis – Two faces (1992)
Initialement enregistrée par Springsteen sur Tunnel of love, Two faces est une chanson totalement 80s par ses arrangements. Et par ses parties de synthé assez surprenantes dans le répertoire de l’artiste.
Nicola Sirkis la reprend dans son album éponyme, publié en 1992, dans lequel il fait la part belle à ses inspirations, reprenant aussi l’Opportuniste de Jacques Dutronc.
A Two Faces, Nicola Sirkis apporte une touche finalement plus… springsteenienne que l’originale. Avec quelques accords inspirés, eux, de U2.
9. Black Veil Brides – American Skin – 41 shots (2020)
Le groupe, parmi ceux qui ont ressuscité le glam metal dans les années 2000/2010, s’est fendu d’une version très proche de l’originale. En lui apportant encore plus de gravité que l’originale. Un vrai frisson à réécouter.
American Skin (41 shots) est l’une des chansons les plus engagées de Springsteen, avec en toile de fond la mort d’Amadou Diallo, à NYC, causée par une série de coups de feu de la police locale.
10. The Joy Formidable – Badlands (2021)
Badlands, entre folk et rock, est l’une des chansons phares de Springsteen, issue de l’album Darkness on the edge of town. C’est surtout une chanson dont le rythme permet au public et au E Street Band d’entrer de plain pied dans les concerts. Parfaite chanson d’ouverture.
Mais que se passerait-il si l’on enlevait la partie rock, conservant seulement la partie folk avec un soupçon de celtique ? The Joy Formidable, groupe gallois plutôt post punk / alternatif, propose cette version particulièrement touchante.
Springsteen en dix reprises de ses chansons préférées
Le public springsteenien le sait : les concerts du Boss sont l’occasion de très nombreuses reprises. Des hommages à ses maîtres, des clins d’oeil à ses copains. Des cadeaux à son public, aussi.
Springsteen aime les reprises. Il a d’ailleurs consacré un album entier (Only the strong survive) à son amour pour la soul. Tout comme il avait rendu hommage à Pete Seeger, l’un des pères fondateurs du mouvement folk US.
Au-delà, Springsteen aime apporter sa touche si personnelle aux compositions des autres.
1. Link Wray – Fire (1978)
Un peu comme pour Because the night, c’est une reprise sans en être une. Et pour cause. Cette chanson est signée Springsteen. Ecrite en 1977. Mais enregistrée par Link Wray & Robet Gordon en mars 1978. Il faudra attendre quelques semaines, et décembre 78 pour que Springsteen ne l’enregistre à son tour. Et encore 1986 pour qu’elle arrive sur l’un de ses albums : en 2010, sur The Promise.
Dans l’intervalle, elle deviendra un moment attendu par les fans dans les concerts de Springsteen, et sera aussi reprise, entre autres, par le groupe soul The Pointer Sisters.
2. The Kinks – Better things (2010)
L’amitié et le partage. On ne compte plus les participations de Springsteen à d’autres albums que les siens. Ici, il participe à un album de duos de Ray Davies, leader des Kinks. Les deux hommes reprennent ce Better things qui, au final, sonne plus springsteenien que Kinks !
3. Tom Waits – Jersey Girl (1984)
Chanson d’amour de Tom Waits à sa future femme, rien que le titre a dû rendre jaloux Springsteen, le Jersey boy. 4 ans après la version de Waits, Springsteen s’en empare en face B d’un single (Cover me). Springsteen adaptera quelque peu les paroles. Mais dès 1981, Springsteen l’avait incluse à ses shows. Et, rendant à Tom ce qui appartient à César, les deux hommes se sont rejoint sur scène, à LA, chez Waits, pour l’interpréter ensemble.
4. Edwin Star – War (1986)
War est certainement l’une des plus grandes protest songs jamais écrites et composées. Elle sort en 1969. Et est assez révolutionnaire en soi, préfigurant le funk et la soul des 70s, voire même le disco !
Springsteen s’en emparera à la fin du Born in the USA Tour, à l’instigation de son manager, Jon Landau. Cette version de War, liée à l’ensemble de Born in the USA, sortira en single en 1986, et dans le coffret Live 75.85. Totalement dans l’air du temps, cette version est un morceau que l’on peut quasiment qualifier, avec Springsteen, de hard rock. Il lui offre une puissance et une aura nouvelles, sans pour autant en renier la funkitude originelle.
5. Jimmy Cliff – Trapped (1985)
Rythme caribéen pour l’immense Jimmy Cliff, pour une chanson produite par Cat Stevens. A l’origine, on imagine assez mal la voix de Springsteen dessus. Et pourtant, la version du Boss en fera l’une de ses reprises si connues qu’on en a oublié la version originale.
Cette reprise sort en 1985. La petite histoire dit que quelques années plus tôt, Springsteen avait acheté une cassette de Jimmy Cliff dans un aéroport, entre deux avions…Cette version sera incluse à l’album chorale We are the world.
Evidemment, hors le solo guitare, il n’y a pas grand chose de commun entre ces deux versions. Jimmy Cliff profitera du succès de la version Springsteen pour ré enregistrer Trapped à la fin des années 80.
6. Johnny Cash – Give my love to Rose (1999)
La reprise de Springsteen est une version créée pour un show TV en hommage à Johnny Cash. Lequel allait reprendre un peu plus tard I’m on fire. Hommages réciproques de deux des cinq figures de la musique américaine, qui pourraient figurer sur un Mount Rushmore. Les trois autres étant Robert Johnson, Elvis Presley et Bob Dylan. Ils sont l’Amérique.
7. Woody Guthrie – This land is your land (1980)
Springsteen s’attaque ici à un double monument : Woody Guthrie. Et This land is your land. Une chanson reprise dans le monde entier, avec régulièrement des adaptations, pays par pays. Elle est même considérée comme la première protest song de l’histoire. Enregistrée une première fois en 1940, puis avec des paroles remaniées en 1944.
Springsteen en a fait l’un de ses moments forts en concert. Comme un nouvel hymne américain. Elle apparait dans le coffre Live 75/85.
8. Pete Seeger – Jesse James (2006)
En 2006, Springsteen s’offre un break en solo. Le temps d’enregistrer son premier album de reprises. Entièrement consacré à l’un de ses maîtres, Pete Seeger. L’occasion de rendre hommage à l’un des héros de l’Amérique : Jesse James. Le hors-la-loi le plus connu du pays a donné lieu à nombre de films, de livres et de chansons. Figure indissociable de la période western, son personnage a même eu droit à une apparition en preneur d’otage de la famille Ingalls dans La Petite Maison dans la Prairie.
La version Springsteen est très proche de l’originale, puisant dans le répertoire folk le plus intime de l’Amérique.
9. Elvis Presley – Viva Las Vegas (1990)
Comme un passage de témoins. Springsteen participe en 1990 à l’album hommage The Last Temptation of Elvis. A ses côtés, Jeff Healey, Robert Plant ou Aaron Neville. Springsteen choisit ce Viva Las Vegas auquel il donne un accent plus country que l’original.
Deux ans plus tard, ZZ Top adaptera aussi cette chanson sur son album Greatest Hits, ralentissant la mélodie, alourdissant le rythme. Pour en faire un très gros succès !
10. The Commodores – Nightshift (2022)
On a tendance à l’oublier, mais l’influence de Lionel Richie sur la musique américaine est incommensurable. Déjà, avec son groupe The Commodores. Dont Night Shift est l’un des plus gros hits, publié en 1985. Mais… sans Lionel Richie, qui venait de quitter le groupe !
Son ambiance feutrée semble marquer la fin de la soul 70s, et son rattachement à la musique typique 80s.
Springsteen en a fait le premier single de son album Only the strong survive, publié en 2022. Dans lequel il revendique l’influence soul sur sa musique. Comme des morceaux tels que 10th avenue Freeze out l’avaient déjà démontré de longue date.
C’est d’ailleurs l’une des rares reprises sur lesquelles Springsteen semble se faire moins grand que la chanson qu’il interprète. Hommage presque scolaire, mais démontrant une dévotion assez grande pour la soul !
Le site officiel de Bruce Springsteen
L’influence de Springsteen sur la jeune génération, à retrouver ici sur le blog
Si Johnny Cash a repris I’m on fire, ce n’est pas l’unique fois. L’homme en noir a également interprète Further up on the road de l’album The Rising dans un de ces American Recordings