Richard H. Kirk, ultime membre du Cabaret Voltaire fondé dans les années 70, a relancé la machine, 26 ans après la publication du dernier album du groupe, en 1994. S’il a participé à de nombreux projets depuis, il est évident que l’étiquette Cabaret Voltaire apporte à ce disque un surplus d’intérêt. Et surtout, après écoute, une claque immense, comme l’impression que Richard H. Kirk a digéré à la fois l’influence de Cabaret Voltaire sur une partie de la scène électronique (à commencer par Aphex Twin). Syntéthique à souhait, claustrophobe aussi, Shadow of Fear impressionne par son charisme. Chaque mesure, chaque son provoque autant de rejet que de fascination, donnant l’impression de participer « à l’insu de son plein gré » à une rave au fond d’une cave lugubre et sans fond. Ou dans un vaisseau spatial perdu en plein cosmos (Night of the jackal).
Cabaret Voltaire a, sur Shadow of Fear, la beauté du groove froid, du funk robotique, nous faisant perdre nos sens, surtout nos repères dans l’espace et le temps. Hypnotique en diable, cet album est au parfait confluent de la techno, de la new wave, de l’esthétique gothique, de l’exigence de la musique expérimentale ou contemporaine et de la puissance du rock. Impressionnant.