C’est peu dire que l’album publié en 2018 ne nous avait pas plu du tout. Les Stone Temple Pilots y intronisaient au chant Jeff Gutt, qui avait la lourde tâche de succéder à l’idole glam du mouvement grunge, Scott Weiland, et dans une moindre mesure à Chester Bennington (Linkin Park), tous deux décédés. Le résultat était un disque convenu, rock mais sans véritablement d’âme ni de mélodies accrocheuses comme le groupe sait pourtant en faire mieux que quiconque.
Au moment d’appuyer sur Play, c’est donc la circonspection qui guette. Mais dès Fare the Wheel, on comprend qu’on a à faire à un disque qui marquera profondément à chaque écoute. Le groupe a pris le pari d’un album où l’acoustique règne. Les 10 titres qui le composent rappellent ce que les STP avaient pu composer de plus majestueux à leur heure de gloire (Big Empty en 1994). Le talent brut des frangins DeLeo pour les mélodies qui tirent une larme en un claquement de doigt est toujours intact.
Et mieux, Jeff Gutt réussit enfin, sur ces accords si mélancoliques, à proposer de belles nuances dans son interprétation. Il n’est pas et ne sera jamais Scott Weiland, et finalement ce n’est pas ce qu’on lui demande, ni ce qu’on lui souhaite. Auteur des textes de cet album, il explique d’ailleurs en interview avoir voulu se rendre le plus vulnérable possible, là où Rob & Dean DeLeo ont souhaité retrouver du sens à leur vie.
Perdida marque le début d’une nouvelle ère pour Stone Temple Pilots, celle déjà empruntée par Pearl Jam : quitter le giron d’un genre underground pour rejoindre l’Olympe du Classic rock !