Myrkur a réussi le double pari d’une carrière de mannequin et d’une reconnaissance artistique véritable née dans les tréfonds d’influences black metal. La chanteuse danoise se révélait ainsi Eros et Thanatos. Myrkur se réfère à l’un des pays phares du genre, la Finlande, et y signifie Obscurité. Le groupe s’est, lui, formé autour de la chanteuse à New York.
Après deux albums où le black metal se faisait latent, tendu, présent sans l’être vraiment, sorte d’arty black metal, la chanteuse revient pour un album où les inspirations pagan se font toujours autant sentir. Mais où le propos se veut légèrement moins tourmenté, bien que restant sombre la plupart du temps. Ce sont ici les textes qui vont prendre le pouvoir. Là où souvent, dans le metal extrême ils peuvent accompagner la musique, faire corps avec elle, dans la folk ils apparaissent sans fard. Ecrits selon l’artiste dans la tradition scandinave, ils ont trait au lien entre l’humain et la nature (Ella), ou laissent imaginer ce que donnerait un Bob Dylan du grand nord, au banquet d’Odin (House Carpenter, l’une des rares chansons interprétées en anglais).
Le propos ici est totalement folk, dans ce que le terme vous évoquera de plus néo médiéval, pas si loin notamment d’un Blackmore’s Night. Les fans de grosse guitare y seront pour leur compte. Ceux qui aiment la noirceur dans ce qu’elle a de plus fragile y seront en revanche récompensés par un album à la beauté singulière.