Comment évoquer un disque des Stranglers sans se faire alpaguer directement par les fans de l’un des derniers immenses groupes cultes ? Tout simplement en tentant de ne pas convoquer le gloireux passé des Britanniques et se concentrer uniquement sur ce Dark Matters. Qui signe le retour du groupe, 9 ans après Giants. 9 années qui ont, semblent-il rasséréné les Stranglers, lesquels offrent un album de très haut niveau, sombre (en même temps c’est écrit dans le titre), rock, lettré, aux doux relents punk / pub rock (This song) pour rappeler la glorieuse histoire vieille de plus de 40 ans désormais. Sur ce This song, la basse grondante comme un bon Joy Division fait un boulot de dingue. Mais chaque instrument, et donc chaque musicien du groupe, aura son moment de gloire sur Dark Matters, qui s’offre quelques envolées électronisantes du meilleur effet !
L’émotion pure est aussi au rendez-vous quand les instruments sont à l’économie sur la power ballade And If you should Dave.
A l’écoute de Dark Matters, on retrouve toutes ces sonorités inspirées tant par le punk que par le Velvet Underground qui ont fait l’histoire des Stranglers. Un peu comme si le groupe s’était fixé des canons à réutiliser, comme pour mieux marquer son territoire, mais en ayant l’excellent goût de les distiller de façon suffisamment discrète pour que les nouveaux auditeurs restent pris par la beauté du disque, quand les fans de longue date trouveront eux la signification de tel arrangement ou telle interprétation, les replongeant dans le passé de l’un des groupes les plus importants du rock des 50 dernières années !