Deux questions se posent à l’auteur de ces quelques lignes, à l’écoute de son septième album solo.
- Pourquoi apprécié-je autant la musique de Bruce Dickinson, alors que celle d’Iron Maiden m’a toujours laissé de marbre ?
- Comment fait-il pour sonner toujours aussi moderne, lui qui est un monument d’un style très typé 80s ?
A la première question, la tentative de réponse sera son rôle plus central dans son oeuvre solo. Là où chez Iron Maiden, il est une pièce d’un collectif. Pièce ô combien essentielle, mais au service d’un projet plus grand. Ici, on sent que le chanteur se permet d’aller dans des directions qui, si elles sont toujours metal, quittent le cahier des charges habituel de Maiden, et lui permettent de moduler sa voix à sa guise.
A la seconde question, la tentative de réponse sera finalement très complémentaire de la première. Bruce Dickinson nous offre un album très varié, avec une production qui met en lumière sa voix, mais aussi chaque instrument.
C’est finalement le flanc le plus progressif de Maiden qui est ici maintenu. Sur Many Doors to hell, Bruce Dickinson se balade encore dans des octaves aigües impressionnantes, à l’image de l’un de ses anciens comparses des ténors du metal, Geoff Tate (ex Queensryche). Et sur Fingers in the wound, on retrouve l’esprit d’un Tears of a dragon, quand bien même l’ambiance y est plus arabisante, quand sur le titre plus ancien elle tirait vers la musique celtique.
The Mandrake Project est un écrin pour la voix de Bruce Dickinson ! Une voix jalousée pour sa puissance et sa technique par nombre de ténors. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cet escrimeur de haut niveau est cité en exemple par plusieurs grands professeurs de chant lyrique.
Clairement, Bruce Dickinson n’a pas choisi la facilité sur ce Mandrake Project. Mais chaque chanson sent la sincérité et l’humilité d’un artiste face à son art et son oeuvre.
La grande surprise, on la trouve sur la dernière chanson, totalement prog : plus de 9 minutes de bonheur, et l’impression d’avoir la vision de Bruce Dickinson de cette école néo-prog lancée par Marillion. On imaginerait très bien un Mariron Maiden, rien que ça, dans une chanson à ambiance, véritable morceau de bravoure.
Bruce Dickinson risque de cliver les die hard fans de Iron Maiden avec son nouvel album. Il risque aussi de conquérir de nouveaux fans qui (oui ça peut arriver) ne connaîtraient pas son groupe phare. Il signe dans tous les cas un grand disque de metal.
Le site officiel de Bruce Dickinson pour ce projet
Un autre chanteur un temps évadé de son groupe ? C’est par ici, pour les fans de Crowbar !